L’homme qui s’est présenté au camp se nomme Akeo, et souhaite savoir ce qu’une troupe armée fait dans la région. Nous apprenons par la même occasion que nous sommes sur les terres du clan Hokusai.

Pendant ce temps, le petit groupe constitué de Kamashi Ishirō-san, Koatsu Ayame-dono ainsi que de moi-même, s’infiltre discrètement dans la brousse au Sud du poste de garde. Je fouille dans mes souvenirs pour retrouver la petite rivière souterraine et guide tant bien que mal mes compagnons. Après un petit quart d’heure, je retrouve enfin l’endroit où l’eau jaillit du sol. Nous nous préparons à ramper dans l’étroit conduit, en surveillant les alentours pour nous assurer que personne ne nous a repéré. Rien à signaler. Une fois à l’intérieur, nous avançons dans le noir à la seule lueur d’une torche et nous arrivons finalement au puit du poste de garde. La paroi est glissante et boueuse, mais Koatsu Ayame-dono parvient tout de même à l’escalader. Je dois avouer que cette femme plutôt agile m’impressionne beaucoup. Elle avait déjà trouvé un moyen de faire cesser la pluie de flèches durant l’escarmouche d’il y a quelques jours, je ne sais toujours pas comment. Peut-être oserai-je un jour le lui demander. Pourrait-elle être la personne qui m’aidera à me venger ? J’ai encore beaucoup à apprendre.

Koatsu-dono fait tomber la corde et le seau dans le puit afin de nous aider, Kamashi-san et moi-même à la rejoindre en haut. Mais nous n’avons pas le temps de la retrouver que du bruit se fait entendre au niveau de la grande porte Ouest du poste de garde. Tous les hommes le défendant sont maintenant regroupés devant sa porte et sur les murailles côté Ouest et plusieurs houspillent ce qui semble être leur chef. Ce n’est qu’après s’être fait quelque peu rossé que leur meneur accepte de sortir du fortin, sur le seul cheval, une vieille carne, dont disposaient ses hommes, en direction de la troupe.

Une fois que les tensions sont calmées, nous entreprenons de grimper à la corde. Koatsu-dono ne nous a pas attendu. Elle a déjà fait le tour du fortin et nous attend à l’intérieur, ou elle a repéré deux hommes dont il faut se débarrasser. Nous la rejoignons finalement avec Kamashi-san, mais je préfère la dissuader de les tuer. La mort n’est pas toujours la seule solution. Koatsu-dono et moi-même inspectons ensuite le bâtiment principal mais nous n’y trouvons rien d’intéressant. Au dernier étape, je trouve toutefois un nécessaire à calligraphie de piètre facture, mais cela signifie tout de même que certains savent lire et surtout écrire ici. L’encrier et le pinceau sont encore humides, il est probable qu’une lettre ait été écrite récemment. Peut-être pour donner l’alarme par rapport à l’arrivée de notre troupe devant les portes du poste de garde, mais impossible de le savoir.

Lorsque nous redescendons vers Kamashi-san qui tient toujours les deux hommes en respect, nous tombons sur un homme supplémentaire, plus âgé. Après un bref regard, celui-ci comprend qu’il n’a aucune chance de nous échapper et se rend. Nous apprenons que les hommes ont décidé de laisser passer notre groupe parce qu’ils n’avaient clairement aucune chance de résister, à l’encontre de l’avis de leur chef qui voulait se battre. L’homme a l’air pacifique, et nous décidons de tous les épargner. 

La porte du fortin s’ouvre enfin et nous voyons apparaître notre troupe à l’intérieur. Apparemment, la négociation s’est bien passée, et nous pouvons donc traverser sans problème. Nous décidons tout de même de faire prisonnier ces hommes, et nous les embarquons donc avec nous. Je leur laisse tout de même de le temps de préparer leurs affaires, nous ne sommes pas des rustres. Le vieil homme se nomme Aki, et récupère parmi ses affaires le matériel de calligraphie. C’était donc bien lui qui savait écrire. Une fois que toute la troupe a traversé, nous les suivons avec Kamashi-san et les quelques hommes du fortin que nous allons garder prisonnier. Le vieil homme s’arrête alors et me regarde d’un air triste. Il me remercie pour avoir été si bienveillante et amicale, puis lâche toutes ses affaires et part en courant, ramassant une torche par la même occasion. Je ne m’y attendais pas, et commence à le poursuivre quand je le vois disparaître dans un des bâtiments secondaires. Le temps de voir une immense leur en émerger et je me jette à terre. Grand bien m’en a pris, puisque l’explosion qui se produit me projette dix mètres plus loin. Il devait y avoir là une si grande quantité de poudre que le fortin entier en a été soufflé. C’était un coup bas, mais le vieil homme avait quand même une dignité. Et un certain honneur, dans un sens. Au final, le bilan est léger, je n’ai que quelques éraflures, et à la distance où je me trouvais, j’aurais clairement pu y laisser ma peau. J’ai eu de la chance. Ou plutôt, c’est Fujitaka Gomori qui n’a pas eu de chance. Ce n’est pas grâce à ça qu’il échappera à ce que je lui prépare.

La troupe n’a que peu souffert de l’incident cependant, si ce n’est que nous avions prévu de garder le fortin pour éviter de nous faire attaquer dans le dos, et ce n’est maintenant plus possible. Je me fais alors réprimander par Sato-hime. J’aurais du faire plus attention.

La troupe reprend alors son chemin vers sa destination. Le soir venant, nous nous regroupons dans la tête de Sato-hime afin de faire le point. J’apprends alors que Tsumada-sama vient de nous quitter et qu’un plan avait été envisagé : celui de lui trouver un kagemusha, un sosie qui pourrait se faire passer pour lui pour éviter une dispersion des troupes du clan Tsumada, des querelles intestines pour lui trouver un successeur, et enfin, pour éviter que la mission que nous a confiée notre daimyō ne soit un échec avant même d’avoir débutée. Un plan est alors élaboré : nous irons Kamashi-san, Koatsu-dono et moi-même à la recherche d’une personne pouvant ressembler à Tsumada-sama dans les villages environnants où je pense pouvoir trouver des vieillards aux visages burinés qui pourraient convenir. Je me souviens en effet qu’il y avait quelques uns de ces villages d’artisans dans le coin. Il faudra évidemment éduquer ce kagemusha, mais ce ne sera pas la partie la plus difficile de l’opération. Il faut en premier lieu trouver une personne suffisamment charismatique et ressemblante à Tsumada-sama. Et ce ne sera pas une mince affaire. Nous nous mettons alors en route, empruntant trois chevaux.

Le lendemain, la troupe arrive enfin en vue du shiro et fait halte. Pendant que les ashigaru montent le camp, les dirigeants de la troupe s’apprêtent à aller parlementer. En effet, le shiro n’est pas vide comme espéré. Sato-hime, Sanataki Juzō-sama, Samato-sama et plusieurs autres samurai se dirigent alors vers le shiro. Après une brève déclamations de salutations relevant de l’étiquette, ils apprennent que le fort est tenu par un groupe qui se fait appelé natsu no okami, les loups de l’été. Leur dirigeant se nomme Komo. Ils apprennent aussi que ce groupe est un vassal du clan Hokusai, et qu’ils tiennent le shiro pour eux. Celui-ci leur apprend d’ailleurs que d’après leurs cartes, ce lieu était sur les terres des Hashiba. Cela surprend beaucoup Sato-hime puisque notre daimyō avait au contraire laisser entendre que ce shiro était sur les terres du clan Mōri. La conversation ne dure pas beaucoup plus longtemps. En effet, les Natsu no okami ne veulent pas quitter le fort et malgré les interventions musclées de Samato-sama, leur position ne change pas. Le petit groupe parlementaire se voit alors obligé de quitter le fort et de revenir au camp. Ils décident alors de mettre en place un siège de la ville. Sanataki-sama est plus que jamais résolu à reprendre le shiro en l’honneur de Sato-hime. 

De notre côté, nous avançons en pressant le pas dans la campagne. Il faut trouver le double de Tsumada Daizō-sama au plus vite, il y a plusieurs jours de voyage à prévoir. Sur le chemin nous ne croisons que rarement une âme, mais nous tombons finalement sur une scène insolite. Deux hommes en armes, des samuraï probablement, au vu du daishō qu’ils portent à la ceinture, s’apprêtent à pendre haut et court un homme qui ressemble à un nōmin. 

Nous apprenons que ces hommes font partis du clan Togawa et qu’ils soupçonnent l’homme avec la corde autour du cou d’être un espion à la solde du clan Monozuke no kami, mais celui-ci nous crie dans son désespoir qu’il n’est qu’ingénieur en ponts et tunnels et qu’il a été convoqué par le seigneur du clan Monozuke no kami, justement. 

Katamashi-san se désintéresse instantanément de cette histoire et commence à continuer sa route, mais mon regard croise celui de Koatsu-dono et manifestement, nos esprits convergent. Un ingénieur en ponts et tunnels (surtout en tunnels), cela pourrait être fort utile si nous comptons effectuer un siège du shiro. Nous n’avons pas vraiment le temps d’en débattre, que les samuraï du clan Togawa, se sentant menacés dégainent leur sabres. Nous devons nous défendre. Cela me coûtera une belle estafilade à l’épaule, mais nous parvenons à occire ces beaux diables et ainsi sauver l’ingénieur. Nous l’invitons à nous suivre puisque vous comptons nous rendre en territoire Monozuke no kami de toute façon, ce qu’il accepte. Nous continuons ainsi notre marche vers le village de Inchu.

J’apprendrai plus tard que Saburo-san, resté au camp avait entendu les dernières paroles de Tsumada-sama, qui contenaient une dernière mission : son héritage. Tsumada-sama a en effet confié son daishō. Il devra juger si son fils Tsumada Gumpei-sama trouve finalement la voie de la sagesse afin de lui confier ses armes, et si ce n’est pas le cas, d’en finir avec sa lignée.

Arrivés au village, nous nous rendons à la taverne pour chercher et demander s’il n’existe pas quelqu’un dans le village correspond au signalement qui nous intéresse. On nous apprend qu’il pourrait y avoir un vieil homme qui pourrait convenir, mais après investigation, celui-ci est beaucoup trop buriné pour ne serait-ce que ressembler de loin à Tsumada-sama. Nous prenons la décision de poursuivre nos recherches jusqu’au prochain village : Buzo. Quelques heures plus tard, nous traversons une forêt et tombons sur un décor absolument macabre. Nous trouvons un corp dont les membres ont été disposés en croix et attaché à un mètre de hauteur dans les arbres. Il y a du sang et des tripes partout. Soit cela provient d’un cerveau malade, soit c’est la marque du territoire d’un Oni. Cette seconde option me donne des frissons.

De son côté, Samato-sama rejoint le village proche du shiro : Shizu Nakato. Il voudrait pouvoir les convertir à notre cause et fomenter une révolte, privant ainsi le shiro de son principal support en provisions. La tentative n’est toutefois pas fructueuse, mais Samato-sama apprend tout de même de la part d’un villageois qu’il existe un moyen de rejoindre le shiro par derrière en empruntant un passage qui se nomme : le chemin des fées.

Enfin, Saburo-san trouve une lettre encore cachetée. Il en fait part à Sato-hime, qui enrage immédiatement. Mais que pouvait-elle bien contenir ?