« Le périple vers les flôts »

Au monastère chrétien, Ishirô, Yuritsuma, Minako et Saburô reçoivent la visite inattendue du Seigneur Okibo. Renseigné sur leur présence en ces lieux par le subtil Makoto, il est venu leur donner des informations sur les événements du mois passé et leur proposer un marché.

Il leur apprend donc que Sato Sadao, fort de son coup d’état, vient de prendre, en pleine trêve hivernale, les villages fortifiés de Mila, Nenuge et Ozo appartenant tous les trois au fief Okibo. Après s’être plaint directement au nouveau seigneur du clan Sato, Okibo san s’est mis en route vers Gasan Toda pour obtenir réparation auprès du daimyo. C’est en chemin qu’il a rencontré Makoto.

Ces prises militaires sont très étranges. Le printemps arrive et le daimyo va faire lever des troupes auprès de ses vassaux. Alors que les Môri vont partir en campagne pour délivrer Takamatsu, le Daimyo de la province d’Izumi ne pourra pas tolérer ce genre d’excentricité sur ses terres. Elles ont donc de fortes chances d’être invalidées, de générer de lourdes réparations et de mener le clan Sato en disgrâce.

Il semble en plus que les chrétiens s’intéressent beaucoup à Sato Sadao, ce qui constitue un crime supplémentaire.

Le vieux seigneur leur propose ensuite un marché alléchant. Il a appris qu’un navire chrétien, nommé le « Cheval de Dieu » devait amener une cargaison de nature inconnue sur l’île d’Hokaïdo. Okibo a donc décidé de recruter des kaizokus à grand prix pour récupérer le bateau. Malheureusement, cette bande d’incapables tente de renégocier les termes du contrat. Ils sont en possession du bâtiment sur une île nommé « la sœur des vagues » et Okibo san est pieds et poings liés. Il ne peut en effet en aucune façon s’impliquer directement dans cette affaire. Par contre, Ishirô et ses compagnons pourraient s’en occuper ! Ils pourraient récupérer la cargaison, la ramener à terre à Gôjô et continuer par route jusqu’au fief Okibo.

Vu leur statut de ronins, cette occasion de se faire un allier puissant est inespérée. Après les Tsumada, voici que la famille Okibo tente d’utiliser en sa faveur l’atout Ishirô. Décidément, ce cher Sadao semble savoir comment se rendre impopulaire !

Préparant son escapade, le groupe fait ses bagages. Avant tout, Yuritsuma san convainc ses compagnons de refaire un tour sur les terres de Norinaya Eizô. L’idée de se mettre ce parvenu dans la poche effleure le groupe compte tenu du fait qu’ils ont en leur possession les preuves de son illégitimité ainsi que le soigneur Yoshi hi. Avec une petite préparation juridique, ces deux éléments constitueraient une force imparable devant laquelle Norinaya san devrait ployer.

Mais Saburo persuade les autres que le moment est mal venu. Une fois sur les terres Norinaya, Ishirô découvre au bout d’une pique la tête congelée de Kazaburô, le chef de la sécurité de Norinaya qui avait fait le choix de soutenir Ishirô dans un souci de justice et de repentance. Il est toujours regrettable de choisir le camp du perdant…

Se rendant à l’auberge pour rencontrer les compagnons de Yuritsuma, ils croisent par hasard Kado san, le bailli de Norinaya, dont ils décident sagement de se cacher. Ce dernier est visiblement détesté par les notables de la cité qui ne lui pardonnent pas l’exécution cruelle de Kazaburô. Alors qu’Ishirô, Gen’ichi et Saburô décident d’aller prendre un bain, Yuritsuma part avec Otoki, un des ronins qu’il cherchait. C’est en chemin que tout deux tombent dans une embuscade tendue par Kado. Il ne leur a visiblement pas pardonné les ennuis qu’ils lui ont causés le mois dernier et il les a reconnus dans l’auberge. Le combat est âpre mais Otoki et Yuritsuma mettent en fuite leurs agresseurs. Ils vont alors se réfugier chez Akeo, un médecin ami d’Otoki.

Pendant ce temps, Ishirô a tiré les vers du nez de Minakô qui finit par avouer que le père de son enfant est Sato Asao et qu’elle porte donc un des héritiers potentiels du fief. Saburo, Gen’ichi et Ishirô n’ont pas le temps de digérer la nouvelle. Nus dans leur baignoire, les trois hommes sont totalement pris au dépourvu par l’attaque soudaine des rustres envoyés par Kado.

Gen’ichi est tué d’un terrible coup de lance sans avoir seulement le temps de voir d’où venait l’attaque. Récupérant la lance, Saburo tente de faire face aux quatre adversaires qui se présentent devant lui. Nu et avec une arme qu’il ne maîtrise pas, le malheureux est rapidement neutralisé. Ishirô, grâce aux leçons de son sensei, saisit et désarme un premier adversaire. Minako, surgissant de nulle part, enfonce son tanto dans le flanc d’un second bandit.

La situation est pourtant clairement à l’avantage des brutes. Minako reçoit un terrible coup au visage et Ishirô est seul face à des ennemis enragés et en surnombre. Profitant d’une frappe furieuse qui mutile atrocement un de ses adversaires, Ishirô tente avec succès d’intimider les autres. Ce coup de bluff heureux met fin au combat. Cette bande de va nus pieds n’était pas prête à mourir pour les quelques sens qu’elle a reçu.

Minako s’enfuit rapidement dans les rues déjà pleines de soldats. Kado n’a pas perdu de temps, cette bagarre est en effet un prétexte parfait pour faire intervenir la garde…

Ishirô, trainant un Saburo inerte, commet l’erreur de remonter dans les chambres de l’établissement pour récupérer les affaires du groupe. Il se retrouve cerné dans la chambre avec un sensei qui peut à peine marcher. Prenant leur courage à deux mains et malgré leurs blessures, ils se jettent par la fenêtre et tentent de semer les troupes qui se lancent à leurs trousses. Saburo reçoit une flèche dans le dos et c’est en trainant son vieux maître qu’Ishirô trouve refuge dans une minuscule étable.

La nuit et la matinée passent dans l’angoisse. Minako, libre de ses mouvements évolue au sein d’une ville en état d’alerte. Toutes les troupes du fief semblent être à la poursuite de ses amis. Grâce à ses nombreuses relations, elle finit par localiser la maison d’Akea le soigneur dans laquelle quelques ronins se sont réunis. Elle se lance ensuite sur les traces d’Ishirô et Saburo et dans la journée, l’habile intendante parvient à réunir tout le monde chez le guérisseur à la barbe des patrouilles.

Yuritsuma explique à ses compagnons que leur intérêt est d’aider Ishirô à récupérer son fief. Le groupe attend deux jours et deux nuits chez le guérisseur, afin de laisser le temps aux troupes lancées à leur recherche de se lasser, et se remet en route vers Gasan Toda.

Se faisant passer pour des marchands, ils arrivent en quelques jours aux portes de la citadelle. Malheureusement pour eux, les mouvements de troupe de Sadao et les prises des villages du clan Okibo ont mis la région en ébullition. Une queue interminable de chariots, piétons, palanquins, les séparent des portes de la ville. De plus, impossible de faire passer armes et armures en se faisant passer pour des marchands !

Alors qu’ils n’ont rien avalé depuis plus de deux jours, ils découvrent qu’il faut une autorisation pour aller plus loin que les faubourgs. Le laisser-passer est compliqué à obtenir et doit présenter le sceau de la ville de départ.

Minako découvre qu’il y a des moyens de passer outre : intimidation exercée par des personnes importantes, contacts dans la haute société de la cité, charabia juridique, pot de vin…. Malheureusement, le groupe n’a rien de tout ça ! Alors que Minako cherche à voler un laisser passer, Saburo a une idée…

Il se rappelle d’un sabreur d’exception ayant créé son propre style : Tsukahara Hikoshirô. Bien sûr l’homme est une légende et il est connu de tous, mais rares sont ceux qui connaissent son visage.

Ainsi donc et jouant le tout pour le tout, il choisit de se faire passer pour cet homme rendant visite à un notable avec sa (très) jeune épouse (enceinte), Minako, et ses deux disciples, Ishirô et Yuritsuma. N’hésitant pas à doubler soldats et samuraïs, palanquins et charrettes, le groupe arrive devant le bailli chargé du contrôle des entrées alors que, dans leur dos, une foule de mécontents commence à se regrouper.

Usant d’un aplomb formidable, Saburo s’annonce et exige qu’on le laisse passer. Après tout, Tsukahara sensei est une légende et les légendes n’attendent pas. Appuyé par la mauvaise humeur feinte et l’exaspération des deux faux disciples, la comédie est parfaite ! Déjà le groupe des mécontents se disperse. Personne n’a envie d’affronter un homme qui a inventé son propre style ! Seul le bailli ne semble pas connaître Tsukahara. Qu’importe, les samuraïs autour l’informent et, suant d’angoisse mais d’apparence déterminée, les quatre usurpateurs franchissent la grande porte.

La question se pose maintenant de trouver un bateau et surtout à manger le tout sans un sou en poche. Alors que le groupe serre les dents devant une pièce de théâtre qui retrace les aventures d’Ishirô dans une version particulièrement humiliante, la chance leur sourit à nouveau. Un jeune homme cherche Tsukahara Hikoshirô, la nouvelle de sa présence en ville s’est vite répandue et l’homme (un notable visiblement) souhaite rencontrer le maître et l’inviter à dîner lui et sa troupe.

L’occasion est trop belle, Saburo, attrape le jeune homme, se présente une nouvelle fois sous le nom de Tsukahara Hikoshirô et accepte l’invitation…. L’homme qui les a invités n’est autre que Sanataki Hisashi, un général avec qui Saburo a déjà combattu il y a près de trente ans et qui le vénère comme un kami. Le groupe goûte le sel de la situation. Ce général vieillissant a invité Tsukahara san pour lui demander de le mettre en contact avec un certain Saburo et le préparer à l’affronter ! En effet, il souhaite que cette légende du sabre lui offre un ultime combat.

Le repas est extraordinaire et les invités ont bien du mal à ne pas se jeter sur les savoureux morceaux de requin et autres beignets de légume. Au cours du repas, la discussion revient sur ce Saburo qui fait tant rêver le général Sanataki. Il commence à s’offusquer de la façon dont un disciple l’a trahit, le renversant pour…. Mais le faux Tsukahara intervient pour faire mettre fin à cet échange. Le vieux sensei n’a pas envie que ses compagnons en apprennent trop sur lui….

Le sujet arrive donc fatalement sur ce qui occupe la région : Sato Sadao a attaqué des villages du fief Okibo en pleine trêve hivernale et à quelques semaines de la levée des troupes par les Môri pour aller délivrer Takamatsu du siège de Hideyoshi. Sanataki Hisashi avoue avoir de la sympathie pour Ishirô qui devrait être à la tête du fief. Le sake aidant, il s’enflamme et laisse entendre qu’il pourrait réunir trois centaines de fiers guerriers pour renverser l’usurpateur qui a sali la mémoire de son propre père, le grand Sato Asao.

Le récit plait beaucoup à Ishirô mais si cet homme meurt sous le sabre de Saburo, il ne va pas être facile de lui faire lever son armée. Surtout que son héritier est un enfant de sept ans benjamin d’une famille de seize sœurs, toutes mariées !

La nuit portant conseil, ils décident tous d’aller se coucher pour reprendre des forces officiellement, pour comploter et choisir la marche à suivre en réalité. L’imposture ne pouvant durer éternellement, il va falloir sortir du costume de Tsukahara san. Pourquoi pas demain ?

Dès l’aube, Saburo décide de mettre un terme à la supercherie et d’accorder son dernier combat à Sanataki san. Le général est ravi contrairement à Ishirô qui voit s’envoler une jolie troupe de samuraïs servie sur un plateau. De plus l’idée connait une faille importante. Pour qu’il y ait gloire, il faut que le combat soit public et les deux adversaires présentés. Si cela se fait, tout le monde saura que Saburo était à Gasan Toda, qu’il est bien en vie et qu’Ishirô l’est probablement aussi…

Qu’importe, entre les deux sabreurs l’entente est parfaite. Quelle que soit l’issue du combat, ils gagneront tous les deux en honneur et en respectabilité, entrant dans tous les cas dans la légende. Sanataki san fait préparer une embarcation dans laquelle se rendent Minako, Yuritsuma et Ishirô afin de leur permettre de continuer leur périple quoiqu’il arrive.

La rencontre a donc lieu sur les quais devant une foule incroyable. On arrête les parties de go, les commerces ferment quelques minutes, les passants s’immobilisent, les mendiants cessent de geindre, les enfants de jouer, les femmes de discuter.

Les présentations faites, le combat peut commencer. Les deux adversaires s’observent de longues minutes puis s’élancent l’un vers l’autre. Saburo inflige une première entaille à son adversaire, puis une seconde. Le combat est terminé. Le général Sanataki s’effondre lentement le sourire aux lèvres et Saburo le salue une dernière fois avant de rejoindre ses compagnons sur le bateau…