« Le mat sanglant »

Tout ne se passa pas comme prévu sur le bateau. Alors que le temps se gâtait, les marins se mirent à prier les kamis pour avoir la vie sauve. C’est alors que le chef eut une vision : Il fallait jeter ces funestes passagers par-dessus bord.

Ainsi, Saburo est enfermé dans un sac alors que Yuritsuma est drogué. Minakô et Ishirô, seuls, ne peuvent offrir une grande résistance. Voici donc les quatre compagnons à la mer, accrochés à quelques maigres planches sur lesquelles reposent leurs affaires. Cette bande de flibustiers a pensé en dernier ressort qu’une femme enceinte et un vieillard avait droit à un support pour les aider à nager…

Heureusement pour eux, un bateau se présente. Il s’agit d’un navire marchand dont le capitaine n’est autre que Yuritsuma Akira, le fils unique de Yuritsuma… Il transporte à son bord Sato Aya hime, la sœur d’Ishirô, celle-là même qui a prévenu ce dernier du coup d’état de leur frère. Ayant entendu qu’un certain Saburo avait vaincu en duel un général de Gassan Toda, ils se sont lancés à leur poursuite dans l’espoir fou de les retrouver sur l’océan.

Akira a bien réussi, son talent de tisserand est légendaire et il demande une nouvelle fois à son père l’autorisation de renoncer à son rang de samuraï afin de pouvoir honorer sa famille grâce au commerce plutôt qu’à la guerre. Son père refuse. Hors de question de renoncer à son rang, surtout après la trahison de sa mère. Le nom de la famille doit retrouver sa gloire.

Ce que Yuritsuma ignore, c’est qu’Akira joue là son va-tout. Il n’est pas le capitaine du bateau et encore moins son propriétaire. Il a acheté tout l’équipage avec ses économies pour impressionner son père afin de lui montrer qu’il pouvait réussir en suivant sa voie. Ruiné en vain, il offre de superbes kimonos confectionnés dans la meilleure des soies à tout le monde, sauf à son père, et les faits déposer sur l’île nommée la « Sœur des vagues ».

Une fois à terre, nos compagnons rencontrent trois Kaïzokus prétentieux et le ton monte rapidement entre eux et Yuritsuma. Ce dernier finit d’ailleurs par se disputer aussi avec Ishirô sous le regard surpris d’Aya. Saburo, plus sage, parvient à expliquer qu’ils sont les envoyés du seigneur Okibo et qu’ils viennent récupérer le « Cheval de Dieu » et sa cargaison, celle-là même que les chrétiens destinaient à Sato Sadao…

Le pirate les conduit à leur campement. Un repaire glacé plein de brigands et de gibiers de potence dont le niveau de saleté est comparable à la laideur de leurs facies ingrats.

En discutant, Saburo et Minakô comprennent que les kaïzokus veulent obtenir plus d’argent de la part des Okibo mais la somme qu’ils demandent est absurde. Ils souhaitent vendre un bateau au prix d’un fief !

Saburo obtient d’eux qu’ils les amènent voir le bateau. Pendant les trois heures du trajet, Aya utilise le prestige de sa lignée pour en imposer aux pirates. Rapidement, elles les a tous à sa botte. Même le chef, Take, ne sait sur quel pied danser face aux remarques de la fillette.

Quand ils arrivent sur place, ils comprennent le problème. Les pirates, trop sûr d’eux, ont laissé le bateau chrétien s’échouer sur des récifs. Leur demande ne sert donc qu’à gagner du temps pour dissimuler leur échec. Ishirô et Yuritsuma décident d’aller inspecter la cargaison et de vérifier l’étendue des dégâts. Les pirates ont peur. Comme tous bons marins, ils ne savent pas nager et seuls les huit plus braves acceptent de les accompagner. Minakô et Aya restent sur la terre ferme avec Saburo.

Après un périple des plus hasardeux, ils arrivent sur l’épave. Les dégâts sont importants mais réparables en quelques jours d’après les marins expérimentés. Quant aux caisses de bois entreposées à fond de cale, elles contiennent deux immenses canons, cent teppôs, de la poudre et des munitions, des vivres et de l’acier.

A terre, les kaïzokus se font de plus en plus entreprenant avec les jeunes filles. Saburo exécute quelques exercices (comme trancher des boucles d’oreille ou des ceintures) afin de calmer les ardeurs de tout ce beau monde.

Sur le bateau la situation devient tendue. Les pirates ont vu les stocks et pensent qu’il y a là de quoi devenir la plus redoutable bande de flibustiers de tous les temps. Yuritsuma songe à les passer par le fil de sa lame mais Ishirô lui rappelle que ce sont les plus expérimentés des marins. Les autres ne sont que des coupe-jarrets.

Une idée lui vient alors. Il leur promet un uniforme dans son armée en tant que manieur de teppô, une formation, une solde, la gloire et des femmes. Le rêve est vendu et les marins sont bons clients. Le bateau sera donc réparé et conduit jusque chez les Okibo via Gôjô, seul autre port de la région après Gassan Toda.

Au bout de deux jours, le bateau chrétien est prêt à appareiller. Les pirates prennent leur propre bateau en plus de ce dernier, pour faire bonne mesure dans cette mer mal fréquentée… Au bout d’une heure de voile, et alors qu’il leur reste encore autant de temps avant de rejoindre le continent, notre groupe de marins aperçoit une paire de voiles à l’horizon. L’une de face et l’autre par tribord. Les vents leur sont favorables et les deux navires seront sur eux dans une demi-heure environ.

Ce sont d’autres kaïzokus et l’affrontement semble inévitable. Dans la cale, Minakô et Aya finissent par comprendre comment fonctionnent les teppôs. C’est au cours de cette opération que l’intendante révèle la vérité au sujet de la filiation douteuse de son frère Ishirô. Aya est choquée et traite Minakô de menteuse, lui promettant un châtiment exemplaire pour cette insulte.

L’affrontement est pour bientôt et Saburo profite des dernières manœuvres pour s’imposer en tant que chef militaire. Son intervention permet à nombre de marins de survivre aux premières volées de flèches enflammées et de distribuer deux jolies salves de plomb. Les charges de Minakô sont approximatives et les armes font surtout beaucoup de fumée. Mais l’effet psychologique est remarquable.

Rapidement, il apparait que le navire pirate et son adversaire sont perdus. Du côté du bateau chrétien, les choses sont un peu différentes. Le bâtiment est perdu à terme mais pas celui de leurs adversaires. Yuritsuma lance alors l’abordage, suivi par tous les pirates et par Saburo.

Minakô et Aya restent seules sur le navire européen, avec le capitaine. L’intendante se précipite vers Take mais découvre qu’il est criblé de flèches et que son cadavre ne tient debout que par un miracle de la physique.

Sur le pont, c’est le carnage. Saburô et Yuritsuma répandent membres et viscères avec aisance au milieu de cette foule inexpérimentée et mal organisée. Mais un meneur fait son apparition et défie le yojimbo. Ce dernier ne refuse pas une telle occasion. Malheureusement, la première blessure est pour lui. Jouant le tout pour le tout et n’essayant aucunement de ménager sa blessure, Yuritsuma assène un terrible coup à son adversaire qui meurt instantanément.

Soudain, un bateau chrétien inconnu entre en scène. Sur son pont, Aya ne distingue que des blancs et, au milieu, une jeune femme asiatique de haut rang. Visiblement samuraï. Personne n’a vu arriver le navire, mais cela n’empêche pas ce dernier d’envoyer par le fond les deux navires pirates qui s’affrontaient en amont du bateau occupé par Ishirô et ses compagnons. Le tonnerre de la salve, les dizaines d’hommes qui se jettent à l’eau (dont la plupart se noient) et la mort de leur chef, conduisent les assaillants à se rendre sans plus attendre.

Le bâtiment est pris. Cependant, une explosion dans la cale du navire chrétien précipite les choses. Il est en train de couler et il reste peu de temps pour en extraire la précieuse cargaison. Les prisonniers sont réquisitionnés pour l’occasion et la moitié du matériel est finalement sauvée.

Bon nombre de pirates se sont jetés à l’eau depuis les navires condamnés et la densité est importante sur l’ultime bâtiment. Dans cette foule de blessés et de prisonniers, Aya reconnait bon nombre d’hommes de la garde de Sadao. Elle apprend que sous couvert de piraterie, son putchiste de frère a envoyé des hommes retrouver la trace de son navire et de sa cargaison.

Une dispute éclate entre Ishirô et Minakô. Le samuraï reproche à son intendante d’avoir trop parlé et de mettre des idées inappropriées dans la tête de sa jeune sœur. Minakô tente de s’expliquer mais devant son aplomb et son insolence, Ishirô la bloque contre le mât, l’égorge et finit le travail en la poignardant à plusieurs reprises.

Aya semble satisfaite de cette issue de même que Yuritsuma. Saburo, par contre, est abattu. Une nouvelle fois, un de ses élèves n’aura pas perçu la profondeur spirituelle de son enseignement…

Une fois arrivé au port de Gôjô, la question se pose de l’acheminement de la marchandise jusqu’au fief Okibo. Les kaïzokus s’impatientent déjà de se voir intégrés dans une armée régulière et Ishirô se demande si toutes ses armes ne seraient pas mieux employées à son service plutôt qu’à celui d’Okibo.

Il a déjà perdu le soutien du général Sanataki, tué en duel par Saburo, la manne financière de Yuritsuma Akira, qui aurait pu payer une partie de son armée et, sur un coup de tête, il vient également de tuer son intendante, pourtant habile à trouver argent et solutions….

Le navire va bientôt être inspecté par les samuraïs de Gôjô, la plaie de Yuritsuma s’infecte déjà et aucune solution ne semble se présenter…