Saburo est rentré au shiro avec ses compagnons depuis deux jours maintenant. Les choses se mettent en place tranquillement. Déjà les artisans récupérés à Okoyama sont à l’ouvrage et les défenses sont presque remontées. Encore quelques jours et la place sera imprenable. Depuis son arrivée, Aya ne se lasse pas d’observer les progrès réalisés par les Fujitaka. Les bandits de Ichino le sosie sont devenus de véritables ashigerus disciplinés et obéissants. Par contre elle est moins satisfaite d’apprendre que la porte a rétabli la taxe au profit des seuls Fujitaka. Mais elle compte bien retourner la situation en sa faveur.

Saburo est donc rentré au shiro. Déçu d’avoir manqué Tsumada Asashi, il discute avec Samamoto sensei, son nouveau compagnon de l’école du Hérisson fleuri. Il fait habilement parler le vieil homme est apprend qu’il était le seigneur légitime de son clan mais qu’il a préféré laisser la place à son frère en se retirant pour se consacrer à l’art de l’écriture et au maniement du sabre. Médiocre dans les deux domaines, il préféré imiter plutôt que créer ce qui l’a tout de même conduit à une incroyable maîtrise de la technique du hérisson fleuri inventée par Saburo. Les rancunes familiales semblent tenaces mais Saburo le convainc d’aller voir son frère pour partir serein. Le vieil homme n’en a plus pour longtemps. Saburo ne l’a-t-il pas vu crachoter un peu de sang à l’occasion d’une quinte de toux spectaculaire dont il est désormais coutumier ? Saburo lui même sent le froid envahir ses pieds. Longtemps il a pris ça pour de la fatigue mais le froid monte inexorable le long de ses frêles jambes. Il sait que la mort vient de retrouver sa trace et qu’elle ne le lâchera plus.

Aya organise une réunion rapide pour préparer la suite de événements. Les choses s’améliorent. Elle a obtenu une trêve avec le Grand Corbeau, de l’argent, elle a une position dominante désormais dans un shiro ruiné. Elle menace une nouvelle fois le sosie de Tsumada Deizo qui a encore plongé dans l’alcool et roule les Fujitaka en leur imposant le financement de la porte compte tenu du fait qu’ils ont remis en place une taxe pour le passage. Ne pouvant perdre la face, les samouraïs Fujitaka acceptent comme une évidence le marché qui vient de leur être proposé.

Saburo aimerait aller au sud, voir les Saku et les Obeyashi et surtout Samamoto san pour régler les affaires de famille de son camarade sensei. Malheureusement, Aya décide de répondre à l’invitation des Hokuzaï pour prendre la température de ce clan ennemi. Au passage, ils régleront le mystère du village maudit de Buzô. De son côté, Samato a bien compris que le shiro réparé offrait une bonne défense mais qu’il ne tiendrait pas face à des ennemis nombreux et déterminés. Il décide donc de faire creuser secrètement un tunnel pour permettre à Aya de fuir le moment venu. Pour lui, ce sera la gloire d’un ultime combat.

Avant de partir, Aya remarque une fosse dans laquelle se trouve les prisonniers qui devaient lui permettre d’identifier les commanditaires des assassinats qui ont endeuillé la troupe. Mais Koatsu ayant déjà rencontré Makoto le marchand de saké, ils ne sont plus d’aucune utilité. Il serviront donc de cibles mouvantes pour les entraînements au teppô.

Les préparatifs achevés, Aya se met en route vers le nord accompagné de sa garde personnelle et d’une trentaine d’ashigerus dont dix armés de teppôs. Pour la parade. En route, ils croisent des troupes de guerriers Monozuke no kami et Togawa qui gardent la frontière chacun de leur côté en attendant d’avoir l’autorisation de leur suzerain d’en découdre pour régler leur contentieux. A l’approche de Buzô le village maudit, une barricade mobile leur barre la route. Elle est gardée par une troupe légère dirigée par un samuraï qui se présente sous le nom de Tetsu. Ce dernier obéissant aux Monosuke no kami prévient Aya qu’elle doit faire demi tour car la zone est dangereuse. Mais Samato menace l’homme de passer en force s’il ne libère pas le passage et Tetsu s’écarte sans demander son reste. Après tout, il est là pour protéger, pas pour interdire.

Arrivée au village de Buzô, la troupe découvre un champ de ruines noircies par le feu. Le temps est maussade. Sur la route, ils ont croisé une nouvelle mise en scène macabre dans laquelle un cadavre ancien et à moitié dévoré était cruellement décoré de fleurs sauvages. L’œuvre d’un oni sans aucun doute. Cette rencontre à causé la défection de cinq ashigerus paniqués qu’il n’a pas été possible de retrouver et l’arrivée au village est donc lourdement teintée de noirceur. Mais les ennuis ne font que commencer. Une volée de flèches maladroite tombe sur leur équipée à l’improviste provoquant quelques blessures parmi les ashigerus et semant la panique. Samato perçoit le grondement d’une troupe qui charge et remet les ashigerus en position de tir. Koatsu fonce dans le bois pour essayer d’attraper un archer alors que Saya met Aya à l’abri dans une ruine. Saburo de son côté guide sa monture à l’abri derrière un mur.

Les teppôs déchargent leur vacarme de mort et deux chevaux s’écroulent. Pourtant la charge frappe la formation de plein fouet et la moitié des combattants sont hors de combat, tués ou blessés. Saya blesse d’une flèche l’un des assaillants et tout le monde se remet en position pour essuyer une nouvelle charge.

De son côté Koatsu remarque que les archers ne sont en fait que des paysans faméliques venus d’un hameau situé un peu plus haut. Il est occupé par des ronins de la pire espèce, gras, sales et cruels qui tyrannisent un groupe de malheureux en les obligeant à entrer dans une mine dont la structure friable présente d’importants risques d’effondrement. Les connaissances de Koatsu étant très limitées dans le domaine des ressources minières, elle ne peut recueillir plus d’informations si ce n’est qu’il ne semble pas s’agir d’or. Près d’une cabane en bois, trois des ashigerus de sa troupe qui ont fuit devant le cadavre orné de fleurs croisé un peu plus tôt sont ligotés. Estimant avoir ce qu’il faut d’informations, elle prend le chemin du retour non sans avoir assommé l’un des miséreux dont elle compte bien obtenir des réponses.

A Buzô, Samato comprend qu’il n’y aura pas de seconde charge et se met à inspecter les lieux. Il tombe un peu plus loin sur un nouveau cadavre fleuri cloué à un arbre. Cette fois, il reconnaît un des ashigerus qui a pris la fuite le matin même… Et sa détermination se fait plus grande. Il est désormais sûr d’être à proximité d’une porte maudite ouvrant sur le plan des esprits et dont un oni s’est échappé. D’ailleurs n’est-ce pas ce monstre qui déambule au loin ? Ainsi il mourra en affrontant le mal. Il s’enfonce dans la forêt pour affronter la chose. Elle a un visage de démon et des crocs proéminents. L’oni est grand, sale et cruel. Il traîne un ashigera par les cheveux (encore un de ceux qui ont déserté!) et semble vouloir en faire une nouvelle décoration florale si l’on en croit les végétaux coupés qui traînent au sol. Le malheureux cesse de hurler en voyant Samato arriver dans la clairière brumeuse dans son armure trempée par l’humidité de la forêt. Le combat est aussi bref que violent. Samato san vient de terrasser le démon. L’ashigeru s’est enfui mais peu importe. Il ramasse le crane du monstre pour preuve de sa bravoure. Bien sûr ses camarades ne manqueront de prétendre qu’il s’agit d’un simple casque décoré. Mais lui sait que ce qui gît à ses pieds est une créature de l’au-delà.

Il retourne auprès de ses compagnons et trouve Aya et Saburo en train d’encourager les blessés à se montrer braves. C’est le mieux que leur connaissances médicales leur autorisent. Koatsu arrive à bout de souffle avec son prisonnier.

La pluie se remet à tomber.