« Visite de courtoisie »

Le lendemain matin, dans le palais d’hiver, la routine reprend son cours dans une ambiance morbide. Le vol des statuettes n’a pu être caché bien longtemps et tout le monde mesure le poids de cet affront.

Ishiro reçoit une nouvelle fois les doléances des notables du fief. Le responsable de la la Za des producteurs de salaison et de produits confits est le premier à se présenter pour rendre hommage au jeune seigneur. Les commerçants sont satisfaits du signal fort qu’il a envoyé en décapitant le jeune voleur. L’un d’eux, par contre, se plaint d’avoir vu son échoppe détruite lors de l’affrontement entre les bandits et les troupes du seigneur.

Vient ensuite une délégation du clan Tsumada dont la fille du seigneur doit épouser sous peu Ishiro. Ce dernier peu enthousiaste, couvre de boniments les émissaires, leur assurant son intérêt pour la cérémonie et ses préparatifs.

Soudain, c’est l’effervescence dans le palais. Des serviteurs courent partout alors qu’on parle d’un dragon aux portes de la citadelle. Intrigués, Minako, Ishiro et Yuritsuma se rendent sur place. Il s’agit d’une délégation de christos, venus demander la permission d’implanter des églises et des cathédrales sur les terres du fief Sato. Le dragon est un animal gigantesque jaune ou orange, tâché de brun. Il possède une immense langue noire avec laquelle il se gratte les oreilles ce qui ne manque pas d’amuser Ishiro.

Ce présent insolite est offert à la famille Sato par sa grâce Philippe 1er, roi du Portugal, et sa sainteté le pape Grégoire XIII. L’émissaire, un certain Julio dos Santos de la cruz baragouine un japonais approximatif, commet une douzaine d’entorses à l’étiquette et obtient l’autorisation de construire ses temples. Faisant d’une pierre deux coups grâce aux conseils de Minako, les temples seront construits dans le quartier des cendres et pas en dehors de la ville. A charge pour les christos de retaper le quartier tout en bâtissant leur édifice avec l’aide des étas.

Rapidement cependant, l’animal pose problème. Sa taille et les besoins qui sont les siens dépassent les compétences des palefreniers. Ishiro a donc une idée : offrir la fabuleuse créature à sa future belle famille. Aussitôt dit, aussitôt fait, la bête prend sous bonne escorte la route du fief Tsumada.

Yuritsuma, lui, profite de l’occasion pour rendre visite à sa famille. Bien mal lui en prend puisqu’il découvre que son fils unique veut renoncer à son nom pour devenir artisan commerçant. Soutenu par sa mère, il souhaite enrichir la famille par son travail et son talent de tisserand. Excédé par la nouvelle, le samouraï retourne furieux vers le palais.

Asao pendant ce temps, fait convoquer son fils. Il a une mission importante à lui confier. Le printemps sera bientôt là et avec lui, la guerre qui oppose les Môri, dont leur daimyo est le vassal, et les Oda. Si la citadelle deTakamatsu, actuellement assiégée par les troupes de Mitsuhide, tombe, plus rien ne pourra arrêter les Oda. Les Môri vont donc lever le ban très bientôt et demander à Amano Takashige, le daimyo de la province d’Izumo, de lui fournir des troupes. Les positions politiques vont bouger dans la région en fonction des troupes fournies au Daimyo et à leur qualité.

C’est pourquoi Asao demande à son fils d’aller sur les terres de Narinaya Eizo, leur vassal, afin de lui faire renouveler son serment et de s’assurer de la disponibilité de ses troupes. Narinaya a obtenu ces terres suite à son rôle dans la bataille des trois aurores. En effet, alors que les troupes d’Asao étaient parties au sud de la province mater des rebelles qui avaient rejoint le clan Oda, un samouraï alors inconnu ramena au seigneur Sato la tête du général Osawa, chef des traitres.

Face à cet acte remarquable, Sato Asao dû offrir un domaine à ce Narinaya Eizo. A lui de le faire fructifier et de se montrer digne de cet honneur.

Asao n’aime pourtant pas ce Narinaya et souhaite voir son fils lui amener un moyen de pression ou l’occasion de placer ce parvenu chanceux dans une situation défavorable.

Voyant dans cette mission autant un témoignage de respect et de confiance qu’une occasion de briller enfin aux yeux de son père, Ishirô ordonne à Minako de s’occuper des préparatifs du voyage. Malheureusement, l’intendante se frotte à son ambitieux supérieur et n’obtient pour le voyage que quelques vivres et une troupe de dix ashigerus mal dégrossis. Par contre, elle prend pour eux un bel équipement.

Pendant ce temps, Kojiro, Saburo et Yuritsuma étudient des cartes pour choisir l’itinéraire le plus avantageux. Ils choisissent finalement le chemin le plus long mais aussi le plus sûr. La route emprunte les terre du clan Ujifusa dont le seigneur est asthmatique. Conscient qu’il y a un coup à jouer, Kojiro va préparer de gros flacons d’une crème très efficace contre cette affliction. Un petit cadeau en passant ne peut pas faire de mal aux relations entre les clans….

Déçu de la troupe qui doit l’escorter, Ishirô choisit néanmoins de se mettre rapidement en chemin. Sur le parcours, ils rencontrent des hommes de Jotarô (responsable de la sécurité) en permission. Ils vont s’acoquiner dans le fief voisin afin d’éviter de répandre chez eux, des rumeurs peu flatteuses. Ils croisent aussi des marchands qui évoquent les enfants démons et des troupes de soldats en déplacement. Arrivé à un fortin Ujifusa, ils paient leur passage et offrent leur présent. Enfin, ils arrivent au fief Narinaya. Saburo a été accompagné de Târo et Gen’ichi, deux ancien de son école du sabre du hérisson fleuri qui lui sont restés fidèles après son éviction mystérieuse… Alors que la troupe arrive au fief, Târo discute avec Yuritsuma afin de savoir dans quelle mesure le clan serait disposé à offrir une part de l’héritage d’Ishirô à Saburo afin que le vieux sensei puisse rouvrir une école, martiale. Yuritsuma ne voit pas de quel héritage parle le sabreur et met un terme à la discussion.

Ishiro laisse les troupes à l’entrée du fief afin de ne déclencher aucune polémique avec son vassal et finit le trajet avec ses fidèles conseillers. Ils tombent alors par hasard sur un porteur de charbon qui marche presque nu dans la neige. A ses pieds, se trouve le cadavre d’un homme pauvrement vêtu dont le dos a été percé d’une flèche noire. En les voyant, le porteur s’enfuit sans demander son reste.

Kojiro et Yuritsuma inspectent donc le corps. Ils remarquent tout d’abord qu’il n’a qu’une seule sandale et que sa jumelle est introuvable. Minako en déduit que le malheureux n’a pas été tué ici mais que son corps a été déplacé. Ils trouvent aussi un tatouage de grande qualité représentant un héron en vol sur sa poitrine. Les compétences martiales de Yuritsuma le permettent de voir que le nœud fait à la ceinture du mort permet traditionnellement de porter deux sabres. Il s’agit donc d’un samouraï. De même, il constate que la flèche qui l’a tué est de très grande qualité.

Alors qu’ils finissent leurs observations, les membres du groupe sont rejoints par un certain Kado san, bailli du seigneur Narinaya, accompagné d’une poignée de garde et de Jirô, le porteur de charbon. Il accuse tout d’abord les étrangers du meurtre puis, comprenant de qui il s’agit, reporte ses accusations sur le malheureux Jirô. Après avoir argumenté en faveur de l’innocence du porteur, Ishirô et ses compagnons se mettent en route vers le château de Narinaya Eizô.

Ils découvrent en chemin un peuple misérable et une cité mal entretenue. Les travaux d’hiver n’ont pas eu lieu et les routes, les rizières et les maisons sont dans un état tragique de délabrement. Par contre, ils trouvent un superbe théâtre Nô monté au cœur de la bourgade.

Le seigneur du fief reçoit avec honneur le fils de Sato Asao et met immédiatement en branle sa maisonnée afin que soit organisé au plus vite une cérémonie pour le renouvellement de son serment de vassalité. La question du cadavre est abordée mais Narinaya minimise l’événement. Un eta de plus ou de moins ! Mais Ishiro croit tenir un moyen de pression sur ce vassal encombrant. Si un samouraï était retrouvé mort sur ses terres, Narinaya devrait lancer une enquête qui pourrait le mettre dans l’embarras.

Amusé par l’insistance de ses invités, Narinaya leur propose d’occuper le temps nécessaires aux préparatifs à chercher le fin de mot de l’histoire. Si finalement cela ne donne rien, Jirô sera crucifier pour le meurtre et l’affaire sera réglée. Ishiro prend alors Jirô sous sa protection et quitte les lieux, ravis d’avoir trouvé à si bon compte, un moyen de mettre se vassal gênant dans une situation délicate.

Minako et Kojirô suivent Jirô chez lui pendant qu’Ishirô et Yuritsuma vont en ville se renseigner sur les flèches noires et les activités criminelles de la cité. La donne n’est pas en faveur du groupe. En effet, Nobû, un rude gaillard, défonce la porte de la chaumière de Jirô pour le rouer de coup. Alors qu’il entreprend sa sinistre besogne, Kojirô intervient et menace le colosse de son couteau. Malheureusement, une gifle monumentale lui explose le visage et il se retrouve à terre dans une posture très défavorable.

Minako est impuissante, Jirô est lourdement diminué par la raclée qu’il vient de subir et Kojirô est impuissant. La situation semble perdue. C’est alors que Yuritsuma revient de sa balade. A l’aide de son wakizashi, il met rapidement hors de combat ce Nobû. Ce dernier appréciant par-dessus tout un bon combat, concède volontiers la défaite et, alors que Kojirô, pas rancunier, ferme ses blessures, il explique au groupe qu’il a eu pour mission de tuer le porteur de charbon.

Ensemble, ils décident donc d’aller voir « Chef », un petit bonhomme rabougris qui tient d’une main de maître les affaires du Crabe dans la cité. Ce dernier se montre particulièrement dur avec Nobu. Ne voulant pas nuire à ses affaires, il reste vague su l’affaire qui concerne Jirô mais laisse entendre que les ordres viennent de haut. Yuritsuma comprend qu’il s’agit là d’un ordre de Norinaya. En effet, Jirô mort, il sera le coupable idéal et cette histoire de samouraï mort sur ses terres sera oubliée.

« Chef » donne pourtant plusieurs pistes à ses visiteurs. Notamment concernant un camp dans la forêt appartenant à la Cigogne et un artisan venu en ville récemment qui semble fabriquer ce genre de flèches. Un certain Kakuken, jizamouraï, qui séjournerait à l’auberge.

Minako, sentant venir les ennuis, décide d’aller en ville pour chercher des informations pendant que ses camarades vont rendre visite à ce Kakuken. Elle découvre que Nobu voit secrètement des ronins de la Cigogne qui tentent de le persuader de destituer « Chef » et de prendre sa place afin de faciliter les rapports entre les deux clans de voleurs. Elle voit aussi un des homme de Jotarô tuer un gosse qu’il accuse d’être un enfant démon, appelé ici petit fantôme.

A l’auberge, Yuritsuma et Ishirô vont rencontrer ce Kakuken. Kojirô, prévoyant, reste dehors, sous la fenêtre de la chambre du jizamouraï pour prévenir tout risque de fuite.

Kakuken est sur ses gardes et, voyant les deux intrus, saute immédiatement par la fenêtre. Kojirô, vigilent au possible, me manque pas s’interposer mais, maladroit, il percute une vieille femme et laisse échapper l’artisan.

Une course poursuite s’installe mais rapidement, Yuritsuma neutralise Kakuken. Il fabrique effectivement des flèches noires de très bonne qualité. Aussitôt, les deux samouraï l’accusent du meurtre et le menace. Cependant, Kajirô leur rappelle que leur prisonnier ne fait que fabriquer et vendre les flèches et qu’en aucun cas, il n’est responsable de ce qu’en font ses clients.

Rassurer, Kakuken explique qu’il a reçu un message de son frère lui demandant de soutien. Ce dernier serait en effet arrivé en ville quelques jours plus tôt avec l’objectif de faire chanter Norinaya Eizô. Après une brève description, Kojirô, Yuritsuma et Ishirô comprennent que le frère de leur prisonnier n’est autre que le mort qu’ils ont retrouvé au milieu de la route en arrivant dans le fief. Tué dans le dos par une flèche qu’il a lui-même fabriquée…