« Ainsi, l’arbre rompt »

Tsumada Deizô est plus que septique face aux propositions d’Aya. Le clan Sato vient de subir une lourde défaite et la position de du clan n’est plus celle qu’elle était la veille. Mais le seigneur Tsumada n’est pas un ingrat. Il se souvient que se sont les Sato qui ont déjoué le coup d’état de son fils et il ne souhaite pas les éliminer comme des pions. De plus, il se pourrait que ce clan en difficulté devienne une importante ressource. Après tout, les Sato sont loin d’être à terre.

Il confie donc à leur groupe Makoto, un émissaire de rang social très bas. Ainsi, il sera facilement sacrifiable si le vent tourne et prouvera que les Tsumada n’accordaient qu’une importance minime au clan Sato si Aya et les siens devaient créer des troubles.

Le seigneur finit par les mettre poliment à la porte. Ce sont les Ujifusa qui sont maintenant les maîtres de la situation et c’est avec eux que le clan Tsumada traitera désormais. Surtout qu’ils détiennent Gumpei le traître et Asashi l’héritière, tous deux enfants de Deizô.

Presque jeté dehors, le groupe fait le point en attendant que l’envoyé d’Aya aille acheter des chevaux. Sanataki Juzô a tenu à rester avec Aya. Elle représente encore le clan Sato et est toujours fidèle au Daymio. C’est donc son atout le plus sûr. Il est accompagné de Koatsu Ayame et de Naoto san, ses deux plus proches conseillers. En plus de Saburô, et de Makoto, l’homme de confiance bon marché des Tsumada, une vingtaine de guerriers, Sanataki pour la plupart, les accompagnent.

La décision est prise de tenter un dernier coup d’éclat. Tout le monde est épuisé mais il y a encore une possibilité pour reprendre l’avantage. Les connaissances militaires de Saburô sont précieuses. Pour lui, les Ujifusa devront faire vite. Le Daymio attend les troupes convoquées et les clans n’ont plus le luxe de pouvoir retarder l’échéance. Selon l’ancien sensei, les troupes Ujifusa vont retourner dans leur fief (qui est de toute façon sur leur route) et partir avec un contingent plus réduit apporter ses prisonniers à Tsumada Deizô.

L’hypothèse est formulée ainsi : Les Ujifusa vont garder la fille Tsumada chez eux comme garantie et apporter au plus vite Gumpei pour sceller une première alliance. Ce sera le seigneur Ujifusa en personne ou son fils qui viendra livrer ce présent politique, il ne peut en être autrement pour une alliance de cette ampleur.

Makoto est donc envoyé en éclaireur le long de la route afin d’éviter toute mauvaise rencontre. Contre toute attente, il tombe sur un groupe de guerriers Ujifusa cachés dans les bois avec une charrette pleine de prisonniers en haillons. Retournant faire son rapport, il sème le doute parmi ses compagnons. Qu’est ce que les Ujifusa font cachés dans les bois à à peine une heure de leur fief ?…

Pour en avoir le cœur net, ils se rendent discrètement sur place. À défaut de Ujifusa, se sont des troupes Okibo qu’ils trouvent et le malheureux Makoto est raillé pour son manque de connaissance politique. Naoto san et Aya pensent immédiatement que les Okibo sont là pour la même raison qu’eux. Afin de créer un contact pacifique, Aya et Saburô se rendent seuls, éclairés d’une bougie, à la bordure du campement. En guise d’introduction, Aya raconte la fable populaire de deux kamis que tout oppose et qui se retrouvent unis face à un but commun. D’abord prise pour une apparition, la fillette est finalement accueillie au coin du feu avec ses compagnons.

A leur grande surprise, ils trouvent sur place Okibo Miyo, la fille De Okibo Masao. Après quelques faux-semblants et une ribambelle de politesses, Cette dernière leur explique qu’elle avait été envoyée pour soutenir la révolte de Tsumada Gumpei en leur livrant un canon et une vingtaine de teppôs. Son rôle aurait dû s’arrêter là et elle n’avait plus qu’à assister à l’écrasement des Sato et à l’intronisation de son clan aux côtés des Ujifusa, devenant ainsi la fille du seigneur le plus puissant de la région.

Malheureusement, trois événements ont détruit sa vie en une journée seulement. Les kaïzokus, qui se sont fait engager par le clan Okibo, étaient sur place en tant que manœuvres pour déplacer le matériel. Or, fidèle à Sato Aya, ils se sont révoltés en comprenant que les armes qu’ils convoyaient allaient servir à tuer des Sato. Elle les a donc fait emprisonner en attendant de trouver le temps de les crucifier.

Mais les choses n’en sont pas restées là. Les Ujifusa ont trahi leur alliance et se sont emparés de leurs armes chrétiennes en tuant les guerriers Okibo qui étaient venus les soutenir.

Enfin, quand la nouvelle est arrivée aux oreilles des chrétiens du clan Okibo. Ils se sont soulevés contre Okibo Masao, l’ont capturé et sont partis le livrer au daymio en dénonçant son projet de trahison (dont ils sont parfaitement au courant puisque se sont eux qui l’ont fomenté).

En un mot, Masao Miyo est ce soir l’héritière d’un clan de traîtres déshonorés et elle a maintenant sous son autorité plus de prisonniers que de guerriers.

Elle finit par voir son intérêt dans cette alliance improbable et avoue être là dans le but de capturer un Ujifusa notable ou un prisonnier Tsumada. Un accord est signé. Une paix est conclue entre les deux clans qui vont conjointement s’emparer des prisonniers Tsumada pour les livrer à leur fief. Suite à l’intervention de Koatsu Ayame, les Okibo obtiennent même la restitution de leurs villages tombés sous la coupe des Sato (ce qui ne fait pas rire Sato Aya). Les Okibo s’engagent à rester fidèles au Daymio et la décision est prise de monter une embuscade commune.

Cette opération est mise en place de façon simple. Elle aura lieu sur un pont. Les kaïzokus sont libérés. Mais en paiement de leur crime, ils seront placé sous le pont et agiront en première ligne. Aya promet une fortune à ceux qui survivront. A l’entrée du pont, des archers sont placés avec pour mission d’affoler le détachement. A la sortie du pont, les troupes à cheval chargeront pour anéantir les Ujifusa.

Les hommes attendent. Un héraut passe au triple galop et Aya ordonne à son yojimbo de le stopper. Le guerrier lui envoie donc une flèche en pleine poitrine et part au galop pour l’achever au sol. Quelques instants plus tard, un convoi d’une soixantaine de samuraïs en armure arrive.

Grâce à la coordination de Saburo et de Koatsu, l’opération commence bien. La première volée de flèches fait des dégâts et provoque la panique escomptée. Les Ujifusa, fiers de leur victoire, ne pensaient rien trouver de plus sur leur route que des ronins blessés et apeurés.

La charge des Sanataki percute les Ujifusa désordonnés dans un tonnerre d’acier et de bois. Les Kaïzokus sortent de leur cachette et entre au contact… Pour leur plus grand malheur. Tout semble se passer à merveille mais les Ujifusa ne sont pas des poissons chats que l’ont peut prendre aussi facilement dans un filet. Ils se réorganisent pour couvrir la fuite de leur chef et de Tsumada Gumpei, le prisonnier si précieux que Makoto finit par identifier. La forteresse n’est qu’à vingt minutes au galop et il sera très difficile de les rattraper s’ils quittent le pont. Koatsu tente le tout pour le tout et ordonne que soit tirée une volée de flèches dans leur direction. Objectif atteint, tous les cavaliers sont à terre y compris Tsumada Gumpei et le meneur des Ujifusa, qui n’est autre que Ujifusa Tetsuo, le fils du seigneur Ujifusa Saturo.

Mais le temps presse, les deux groupes de combattants ont fini par s’anéantir l’un l’autre et déjà, du fief Ujifusa, une troupe est partie apporter son soutien aux hommes de Ujifusa Tetsuo.

Sans demander son reste, le groupe mené par Sato Aya se précipite pour se perdre dans les bois. Le jeu de cache-cache dure un moment mais ils ne sont guère nombreux et la forêt est vaste. Les renforts Ujifusa finissent par perdre la trace de leur maître qui vient de mourir sur son cheval des suites de ses blessures. Cette perte est un coup dur pour le groupe de fuyards mais ils pourraient également perdre Gumpei dont l’état empire. Sa mort mettrait un terme à toute possibilité de reprise en main de la situation…

Ainsi, ils se rendent aussi vite que l’état de santé de Gumpei le permet au fief Tsumada.

Sur place, ils découvrent le seigneur Tsumada Deizô en tenue de combat avec des centaines d’hommes prêts à faire mouvement vers Gassan Toda. Il est très reconnaissant pour le retour son traître de fils qu’il envoie faire soigner, contre toute attente.

Son alliance avec les Ujifusa n’est pourtant pas totalement compromise car ses derniers retiennent encore sa fille en otage.Il ne pourra pas agir contre eux. Il invite ensuite ses invités à une vaste cérémonie mortuaire qu’il ne comptait pas faire si rapidement. Il a envoyé des hommes de son armée chercher et récupérer les corps de Sato Ishirô, de Yuritsuma san et des quelques notables morts dans les bois. L’héritière des Sato étant là, le moment paraît opportun pour un dernier adieu. Qui sait combien seront encore en vie demain matin ?

Les troupes Tsumada se mettent en route avec le corps de Ujifusa Tetsuo. Cette monnaie d’échange peut s’avérer précieuse le moment venu. Les Sanataki décident de rentrer à Gassan Toda immédiatement. Pour Juzô, l’avenir de son clan est là-bas. Koatsu pense un instant aller récupérer Tsumada Asashi au cœur de la citadelle Ujifusa mais cette option suicidaire et rejetée par le reste du groupe.

Aillant appris chez les Tsumada que les troupes Sato sont déjà sur place, Aya choisit également de se rendre chez le daymio.

Lors de leur voyage, ils passent par le feif Norinaya, tombé entre les mains des Ujifusa sans aucun combat étant donné que les maigres troupes Norinaya sont tombées aux côtés des rebelles de Tsumada Gumpei. Norinaya Eizô est mort crucifié sur le superbe théâtre nô qui avait fait construire au détriment de ses troupes et de son peuple.

Après un long trajet, voici tous les personnages aux portes de la citadelle. Ils sont dans une situation plus confortable. Aya se retrouve au milieu de sept cents guerriers et de des généraux Sato qu’elle félicite de leur initiative (difficile de leur reprocher de ne pas avoir attendu une fillette de neuf ans pour prendre des décisions militaires).

Okibo miyo retrouve ses troupes qui attendent de savoir ce qu’il va advenir de leur clan.

Les Ujifusa sont déjà là et en nombre ainsi qu’une multitude de familles moins prestigieuses.

Sous ses aspects de rassemblement de troupes, cette accumulation de guerriers au pied des remparts de la citadelle du daymio ressemble de plus en plus à un siège. La situation est extrêmement tendue…

Pendant que les représentants des différentes familles viennent se présenter au daymio, Makoto fait le tour des différents groupes armés pour apprendre les dernières nouvelles. Il croise beaucoup de bounge occupés à la même besogne. Tous les puissants veulent « savoir »…

Sa curiosité le conduit à découvrir qu’un kuge est sur place. Attiré par les rumeurs de chaos dans la province d’Izumo, le diplomate impérial, dénommé Chigusa Toshitaru, est venu saluer son vieil ami Amano Takashige, le daymio, tout en profitant de la situation pour faire parler de lui à la cour impériale.

Il a déjà imposé le mariage de la fille de Ujifusa Saturo au fils du Daymio, le colérique Amano Iemoro. Ca présence est un avantage car aucun combat ne peut avoir lieu sans son autorisation. Mais elle pose aussi problème. Il est très difficile d’agir tant que le kuge est sur place. Ainsi, le destin de la province, après tous ces efforts, va se retrouver régler arbitrairement par l’arrivée impromptue d’un diplomate !

Aya, au sein des murs du palais, envoie son yojimbo rassembler quelques hommes de confiance afin de les poster le plus près possible du palais. Si la situation dégénère, elle aura besoin de renfort. Elle profite du repas pour aller cracher son mépris à la face des Ujifusa. Là, elle trouve Makoto, le producteur de saké et financier des grands de ce monde. Cet opportuniste a eu tôt fait de se placer aux côtés des vainqueurs.

Koatsu laisse passer le temps et attend avec Naoto san et Sanataki Juzô que la cérémonie protocolaire se termine. Entre temps, grâce à Makoto, l’homme de main de Tsumada Deizô, ils apprennent pour le mariage arrangé entre le fils Amano et la fille Ujifusa. Leur curiosité les amène à découvrir une information que Tsumada Deizô compte bien exploiter : Amano Iemoro, le futur marié est dans une colère noire. Lui, le fils du daymio, va être vendu comme du bétail à un clan très inférieur pour que sa famille obtienne ce qui lui revient de droit, à savoir le respect, la fidélité et l’obéissance.

Mais Amano Iemoro sait qu’il doit accepter l’insulte. Les Ujifusa tiennent Tsumada Asashi et marchent donc avec les Tsumada. Les Sato sont décapités, les Okibo sous le coup d’une accusation de trahison. Le daymio est seul avec deux cents Sanataki et quelques familles plus habituées aux querelles de palais qu’à la guerre. Une bataille verrait sa destitution, la réprobation de l’émissaire de l’empereur et l’humiliation de se présenter devant les Môri avec une armée dérisoire de soldats blessés et divisés.

Tsumada Deizô compte bien exploiter cette situation. A la nuit tombée, il demande une entrevue avec l’héritier Amano. Il y invite Juzô, Aya et leurs conseillers en tant que représentants des clans qui le soutiennent et qui lui sont fidèles. Cela arrange Koatsu qui attendait désespérément une occasion de trancher la gorge de Ujifusa Shizuka, fille de Ujifusa Saturo.

Prudents, et sentant la tension ambiante, les Ujifusa sont cloîtrés sous bonne garde dans leurs quartiers. Sur de leur victoire mais conscient du danger que représente son imminence.

L’entrevue a lieu. Visiblement Amano Iemoro a bu et sa colère n’a fait que croître sous l’effet du sake. Habilement, ses invités l’amènent à penser qu’il n’a pas à se soumettre devant un seigneur de moindre rang. Entre insinuations et flatteries, ils conduisent Amano Iemoro à donner l’ordre de rassembler tous les guerriers dont les Tsumada, le Sanataki et les Sato disposent ici. Rapidement, une quinzaine d’hommes sont rassemblés dans les couloirs et se précipitent à la suite d’un Amano Iemoro en kimono de nuit.

Sans somation, il exécute du tranchant de son sabre les gardes Ujifusa qui se mettent en travers de sa route puis pénètre comme un fauve à l’intérieur de la pièce occupée par les Ujifusa. Ils sont tous là, au complet, surpris et acculés. Amano san ordonne le massacre de toutes les personnes présentes. Du seigneur Ujifusa au plus humble des servants en passant par Ujifusa Shizuka, tous les Ujifusa sont massacrés en quelques secondes. Le carnage est total est la pièce semble être tapissée de sang et de viscères.

Amano Iemoro a pris soin d’impliquer tous ses alliés dans ce meurtre sordide afin des s’assurer de leur collaboration. Même le joufflu Naoto san a du tremper sa lame dans le sang Ujifusa.

Le lendemain la rumeur se répand au sein de toutes les familles : Dans la nuit, les Ujifusa ont assassiné le Daymio. Son fils, aidé des Sato, des Tsumada et des Sanataki n’ont pu empêcher le terrible crime. Tous les Ujifusa ont été tués en punission de cette trahison. Chigusa Toshitaru a disparu. Peut être victime de la félonie des Ujifusa lui aussi.

Amano Iemoro, nouveau daymio se montre pourtant magnanime. Il exige que tous les membres de la famille Ujifusa se donnent la mort à l’instant pour racheter l’honneur de leur clan qui tombe désormais sous l’autorité du daymio.

En récompense de leur fidélité, les Tsumada obtiennent un part importante des terres Ujifusa et la libération sans condition de Tsumada Asashi.

Sanataki Juzô reçoit la tête de son beau-frère Nobukze Osuma ainsi que toutes ses propriétés et l’autorisation de remarier sa sœur, désormais veuve. Son mariage avec Sato aya est validé et le clan Sato obtient une autre partie des terres Ujifusa ainsi que la restitution du fief Norinaya.

En ce qui concerne les Okibo, Okibo Masao est autorisé à se donner dignement la mort afin que sa fille conserve la tête du clan. Pour honorer sa promesse d’être fidèle au daymio et de pouvoir garder la tête du clan, elle est obligée de désavouer publiquement son père. Une partie significative de leur territoire est quand même récupérée par le Daymio, notamment le village portuaire de Gôjô, afin de marquer le coup et de leur ôter les moyens de recommencer.

Pour avoir déjoué le complot des Okibo, les christos obtiennent l’autorisation d’accoster à Gassan Toda.

Dans les heures qui suivent, les troupes demandées par les Môri se mettent en route pour apporter leur soutien au château de Takamatsu, assiégé depuis deux ans déjà par les troupes Oda menées par Hashiba Hideyoshi. L’issue de la guerre contre les forces de Oda Nobunaga se joue alors que les premières fleurs apparaissent sur les collines.

Fin de la saison une.