« Au-dessus de la rivière gelée »

Les rebelles du clan Tsumada, mené par Gumpei, ont l’avantage de la défense. Ayant pu choisir le terrain, ils sont en haut d’une petite colline, dos au levant. Alors que Saburo étudie la situation avec les généraux, ils semblent comprendre les intentions de leurs adversaires. Les ashigarus sont placés devant avec des piques de sept mètres dont le but est de stopper la charge que semblent tant désirer les samuraïs du clan Sato.

Une fois empêtrés dans les rangs de ces paysans en armes, les cinquante ex-ronins qui ont ralliés Sanataki Juzô les prendront à revers d’un côté pendant que les hommes de Tsumada Gumpei tenteront de les écraser de l’autre.

Derrière les paysans, les guerriers Sanataki refermeront le piège.

Saburo et le général Sadakane Genpachi comptent sur le manque de discipline des paysans qui ne manqueront pas de s’enfuir lorsque l’enfer leur tombera dessus. Ainsi ils pensent organiser l’attaque en deux vagues : La première viendra enfoncer les lignes adverses et ouvrir une brèche afin que la seconde puisse traverser ce rempart d’hommes et de bambous et atteindre les généraux Sanataki.

Les discussions s’éternisent puis, enfin, le moment est venu de rencontrer les commandants du camp adverse au milieu du champ de bataille. L’entrevue est vaine mais Aya propose à Sanataki Juzô d’unir leurs clans en rédigeant la promesse de mariage qui les unira l’un à l’autre. Juzô donne son sceau à la jeune fille et l’invite à ratifier au plus vite ce document. Personne ne sait qui sera encore en vie à la fin de la journée…

Finalement, chacun retourne dans son camp bien décidé à en découdre au plus vite.

Du côté Sanataki/Tsumada, Koatsu comprend rapidement que ce jour va voir la destruction d’une partie importante du clan Sato. En effet, Tsumada Gumpei s’est allié en secret au clan Ujifusa dont personne ne s’est inquiété jusqu’à présent. Promettant l’union du clan Tsumada aux Ujifusa par le mariage de sa sœur (pour l’instant présentée comme un otage). Après le clan Sato, les clans Tsumada et Ujifusa sont les plus puissants de la région. Ensemble, ils imposeront leur loi à toute la province et jusqu’au daimyo.

Mais ce n’est pas tout. Gumpei a aussi compté sur la perfidie des Okibo et est arrivé au bon moment. Les christos, véritables maîtres des Okibo, souhaitent se débarrasser des Sato que les querelles internes suscitées par le retour d’Ishirô poussent vers la fin. Ainsi, ils ont prêté aux rebelles leurs teppôs et un canon. A charge pour eux de les utiliser à bon escient…

Juzô, parfaitement au courant de la situation donne l’ordre à Koastu de ramener vivant un maximum de Sato. Coûte que coûte. Il a prévu à cet effet un homme de confiance à bord d’une barque à quelques centaines de mètre du champ de bataille.

Sanataki Juzô et ses samuraïs ne sont pas dupes des intentions de Tsumada Gumpei. Une fois alliés aux Ujifusa, rien ne l’empêchera de marcher sur Gassan Toda. En tant que fidèles serviteurs du daimyo, ils ne peuvent le tolérer. Pourtant cette bataille doit avoir lieu. Tant qu’ils ne seront pas affaiblis, les Sato auront le choix. Après l’anéantissement de trois centaines de leurs meilleurs samuraïs, ils seront obligés de s’allier aux Sanataki et au daimyo.

Quel dommage que tant de braves guerriers doivent mourir !

Toujours dans le camp Tsumada/Sanataki, Koatsu repère Kado san, le fidèle Bailli de Norinaya Eizô. Ce dernier explique qu’il a « trouvé » des documents dans la chambre d’Ishirô qui prouvent son intention de tuer son frère Sadao (en vérité, il semblerait qu’il ait voulu les y cacher quand Yuritsuma l’a surpris dans la pièce). Cette preuve de traitrise devrait laisser Sadao à la tête du clan. Tsumada Gumpei garde ce joker inattendu mais compte bien passer tous les Sato par le fil du katana avant midi.

De toute façon, il est prévu que les guerrier Norinaya trahissent les Sato au pire moment. Plus rien ne peut les sauver.

Ishirô galvanise les troupes qui répondent favorablement à son appel. Pourtant, il ne va pas charger. Devant cette hésitation, son frère, Sadao, lance la charge suivi du général Sadakane Genpachi et finalement de toute la première vague. Une fois de plus, la guerre des egos a divisé le clan.

La seconde vague suit la première au pas avec des flèches enflammées afin de créer la panique parmi les ashigerus. La première vague essuie une volée de flèches alors que la seconde envoie la sienne frappé les ashigerus juste avant l’impact.

Le timing est parfait, le choc terrible.

Les lignes sont enfoncées. Immédiatement, le front devient un énorme nuage de fumée plein de gigantesques tiges de bois entremêlées au milieu desquelles s’affrontent samuraïs et ashigerus paniqués sur un tapis de chevaux et de guerriers morts.

La seconde vague attend son moment. Mais un messager arrive pour mettre un terme à l’attente. De façon totalement inexpliquée, des éclaireurs Ujifusa ont été repérés dans la forêt. Les arrêter ne pourra pas faire de mal. Ce n’est pas le moment d’avoir des surprises. Ishirô prend avec lui Yuritsuma san et une douzaine d’hommes et s’en va couper ce funeste fil.

Au cœur de la bataille, les ashigerus semblent tenir leur position, préférant les sabres de leurs adversaires à ceux de leurs généraux. Pourtant le plan fonctionne et une brèche est créée. Aussitôt, Saburo lance la seconde vague.

Toujours au milieu des flammes et des râles d’agonie, Sadao et quelques-uns de ses fidèles samuraïs trouvent le général Sadakane Genpachi et lui demandent de quitter avec eux le champ de bataille. Ils ont été informés du départ d’Ishirô pour stopper les éclaireurs et ont décidé d’en profiter pour éteindre les terribles conflits qui rongent le clan Sato. Ishirô mourra dans les bois. Il doit en être ainsi.

Et la tâche leur est simplifiée par la maladresse du jeune seigneur ! Distrait par la brume du matin et les broussailles enneigées, Ishirô perd le groupe mené par Yuritsuma san. Ce dernier justement, vient de trouver la rivière et un petit pont de bois aux abords duquel une douzaine de guerriers tentent de retrouver leur chemin. Ce sont bien des guerriers du clan Ujifusa. Yuritsuma ordonne que soient tirées deux volées de flèches sans sommation. L’effet de surprise est total et, lorsqu’il charge dans son armure au travers des nappes de brouillard, le yojimbo ne rencontre qu’une faible résistance. Rapidement, le groupe est anéanti.

De son côté, le général Sadakane Genpachi se sent très mal à l’aise au milieu des conspirateurs. Tuer le fils de Sato Asao ne lui plait absolument pas, surtout de cette façon sournoise ! Le jeune Ishirô erre au milieu de la brume. Il n’a pas encore repéré Sadao et ses hommes. Le seigneur Sato semble avoir le cœur brisé face à son devoir. Il sait qu’Ishirô n’est pas un bon sabreur alors qu’il est lui-même un virtuose dans l’art de l’épée. Il l’affrontera seul. Après tout, il lui doit au moins ça.

C’est donc dans une surprise parfaite qu’Ishirô tombe nez à nez avec son frère dans la forêt. D’un côté on entend les cris de la bataille, d’un autre les hurlements de ceux qui tombent sous les flèches et les coups de la troupe menée par Yuritsuma.

Sadao exprime ses regrets mais la stabilité du clan est plus que jamais nécessaire. Deux têtes, c’est une tête de trop, il va falloir trancher. Il sort alors son sabre et s’avance vers Ishirô. Surgissant de nulle part, un jeune écuyer lance une attaque contre Sadao. Comme Ishirô, le jeune guerrier s’était perdu et le monologue de Sadao l’a attiré à lui.

Malgré la surprise, il ne peut rien face à la maitrise de Sadao qui le tue d’un coup à la gorge d’une incroyable précision. Le général Sadakane Genpachi vient de reconnaître son fils. Pour lui, le message des kamis est clair. Il paie son manque détermination. Il n’aurait jamais dû se joindre à cette félonie. Il sort son katana et d’un geste large, décapite l’un des comploteurs qui accompagnaient Sadao. Satisfait de voir Ishirô prendre la fuite en direction de ses compagnons, il s’agenouille et, contre la promesse d’être dignement enterré avec son fils, se soumet à son exécution. Son devoir est accompli.

Sadao rattrape son frère sur le pont de bois gelé où les éclaireurs du clan Ujifusa viennent d’être défaits. Ishirô tente d’ordonner à ses hommes de maîtriser Sadao en l’accusant de traitrise mais le jeune seigneur est leur maître légitime et ils refusent de bouger. Cela se règlera en face à face, du moins c’est ce que pense Sadao. Yuritsuma connait les capacités d’Ishirô et celles de Sadao. Son protégé n’a aucune chance et c’est donc le yojimbo qui s’avance malgré la fatigue de la bataille et le poids de son armure.

Mais Ishirô n’a pas l’intention de laisser l’honneur le mettre en danger et il accourt au secours de son garde du corps. A deux contre un, Sadao est tué devant ses hommes médusés. Ceux qui étaient venus avec lui se suicident rituellement afin d’accompagner leur seigneur dans sa défaite.

Pendant ce temps, du côté du champ de bataille, les choses évoluent rapidement. Au loin, un détachement Ujifusa est repéré. Cette troupe vient apporter son soutien aux rebelles de Tsumada Gumpei comme promis. Les troupes Sato sont vaincues, c’est une question de minutes. Sanataki Juzô envoie Koatsu pour qu’elle accomplisse sa mission. Les Sato doivent survivre, c’est indispensable pour qu’il garde sa carte maîtresse face aux conspirateurs qui veulent faire tomber le daimyo. Intuitive, la tutrice emmène avec elle des shinobis de son clan, infiltrés au sein du génie des Sanataki.

Aya, de son côté, ayant repéré les déplacements de ses frères, décide de se rendre dans les bois afin de comprendre ce qu’il se passe.

Saburô, toujours au cœur du champ de bataille, décime les ashigerus qui lui font obstacle. Malheureusement pour sa conscience, il a du mal à ne pas tuer bon nombre d’entre eux ne serait-ce que pour ne pas être tué… Pourtant, un défi plus important lui fait face. L’immense Fusakumi san, dans son armure d’or et de jais, s’extrait de la masse grouillante de ses adversaires pour venir faire face à la légende. En effet, le colosse vient de reconnaître Saburo et pointe son nodashi dans sa direction. Au même moment, un coup de tonnerre retentit et une terrible explosion frappe les troupes Sato. Le canon des Okibo vient d’entrer en scène trainant dans son sillage panique et débandade.

Dans les bois, Koatsu retrouve rapidement les traces de Sadao et d’Ishirô. Aya arrive également et évoque un accord avec les Sanataki. Elle est appuyée par Koatsu face à un Ishirô dévoré par la colère. Mais ce dernier, une nouvelle fois, refuse d’entendre quelque argument que ce soit et ordonne à ses hommes, deux fois plus nombreux que ceux de Koatsu, de tuer tous les Sanataki. Malheureusement, les shinobis ne sont pas fatigués par les combats et les armures depuis le levé du jour et ils sont très bien formés au combat.

Ainsi, et malgré leur supériorité numérique, les guerriers Sato sont anéantis. Ils ont cependant tués tous les shinobis à l’exception du denier d’entre eux qui soutient encore Koatsu face à Ishirô et Yuritsuma.

A l’épuisement, Koatsu tue Ishirô et Yuritsuma qui auront chèrement vendu leur peau. Désormais seule au milieu d’un tas de cadavres, elle part à la recherche d’Aya. La jeune Sato, dernière héritière avec sa sœur Haru, sous l’effet du chaos et de l’humiliation a quitté les lieux avec ses hommes, en route pour le fief Tsumada.

Au terme d’un combat épique, Saburo finit par terrasser son adversaire. Satisfait de ce dernier coup d’éclat, il attend désormais que le reste des guerriers Sanataki viennent mettre un terme à son existence. Le vieil homme est au bout de ses forces et c’est une bien belle matinée pour mourir. Mais à défaut de soldats Sanataki, c’est une volée de plombs distribuée par les teppôs Okibo qui viennent le jeter à terre. Tout est noir. Par intermittence, il ouvre les yeux pour assister à la fin de la bataille. Norinaya Eizô a trahi les Sato en se retournant contre eux pour faciliter la charge des Ujifusa venus sur le flan occidental.

Il assiste enfin au dernier coup de théâtre de la journée : Les Ujifusa, frais et très nombreux finissent d’anéantir les Sato puis s’en prennent aux Sanataki et aux rebelle de Tsumada Gumpei. Ils capturent Gumpei et sa sœur Asashi et les voici en position de s’associer au clan de Tsumada Deizô. L’alliance tant redoutée par les Okibo va donc avoir lieu.

Saburo assiste à la cueillette des têtes de valeur, à laquelle il échappe sans problème compte tenu de son manque de prestige familial, et à la réquisition des teppôs et du canon par les Ujifusa.

Plus de cinq heure après, il se relève et reprend la route malgré ses blessures et se dirige vers le fief Tsumada qu’il finit par atteindre à la nuit tombée. Par superstition, les villageois le nourrissent et lui indiquent la route de la citadelle où il demande une entrevue avec le seigneur Tsumada tout en méditant sur les événements de la journée.

Mais le seigneur Tsumada Deizô est très occupé. Il accueille en ce moment même les vaincus qui ont mené un assaut contre son traitre de fils. Aya propose lors de cette rencontre une union entre elle et Sanataki Juzô qui sera ratifié lors du genpuku de ce dernier dans…. sept ans ! En attendant, c’est Saburo qui sera régent du fief. Pour ça, il épousera leur tante, dernière Sato en vie avec Aya et Haru.

Tsumada Deizô est plus que dubitatif lorsque Saburo les rejoint enfin. Le sensei est déjà très vieux et les Ujifusa ont son fils et sa fille. Il devra s’allier avec eux. De plus, les Européens ont demandé à le voir et il est fasciné par leur culture. Les jours à venir s’annoncent compliqués pour le camp Sato… ou ce qu’il en reste…