« Le vol de l’alouette »

Sanataki Juzô est perplexe. Il n’a que sept ans et son père, le général Sanataki, lui a laissé un lourd héritage. Désormais seul, il doit assurer la pérennité de son clan et tenir les engagements de son père. Malheureusement, ses quinze beaux-frères ne l’entendent pas de cette oreille. Seul, Juzô décide de reprendre les choses en main et d’accomplir son destin. Il tiendra donc parole et fournira les trois cents hommes du clan à Sato Ishirô afin que ce dernier récupère son fief.

Cependant, il n’agit pas les yeux fermés. Il décide d’envoyer une de ses conseillères, Koatsu hime, rencontrer le jeune seigneur et vérifier que les trois cents samuraïs seront bien employés. Sachant qu’Ishirô est parti en mer et qu’il doit revenir à Gôjô, Koatsu se rend au triple galop dans le petit port afin de rentrer en contact avec le jeune Sato. Les recherches le concernant se sont calmées et elle sait où le trouver. La situation est à son avantage. Une fois sur place, elle paie des enfants etas pour qu’ils retrouvent la trace du jeune samuraï. Il ne lui reste plus qu’à être patiente.

Pendant ce temps, au large de Gôjô, Ishirô décide de protéger la cargaison en la laissant au large. Il regagne donc la côte en barque avec son yojimbo. Yuritsuma, afin de ne pas être un poids pour le groupe, a décidé de soigner rapidement sa blessure en la faisant nettoyer et cautériser par le feu. Il en demeurera une vieille blessure aussi laide qu’handicapante mais au moins, il évite la gangrène.

Une fois à terre, Ishirô utilise ses dernières pièces pour négocier le couchage et suffisamment de charrettes pour transporter les teppôs et le canon. Malheureusement, ses maigres économies ne lui permettent que de louer une place dans les écuries, d’envoyer un message à Okibo san pour le prévenir du succès de leur opération et d’acheter un bocal de kakis confits pour sa sœur.

Yuritsuma, lui, est abordé par un enfant qui cherche Ishirô. Le yojimbo se méfie et décide feindre l’ignorance. Remonté suite à une nouvelle gaffe de son seigneur qui l’a appelé « papa » en public, il décide de le corriger en le frappant violemment au visage. Seulement Ishirô est un élève studieux et les leçons de Saburo sont devenues un réflexe. Il bloque instinctivement l’attaque et neutralise d’une clé de bras son yojimbo. Stupéfait de ce geste, le jeune Sato demande une explication et une discussion houleuse s’ensuit. Tout à leur dispute, ils ne remarquent pas que Koatsu essaie de leur parler.

Sur le bateau, Saburo et Aya sont également en pleine discussion. La sœur d’Ishirô est très remontée, son frère n’a même pas pensé à son anniversaire. De plus, elle souhaite avoir des éclaircissements sur cette histoire de filiation. Elle est en effet certaine d’avoir entendu Ishirô appeler son garde du corps « papa ».

Saburo ne se laisse pas intimider par la fillette et ne lui donne que des demi-réponses. Cependant les kaïzokus n’ont pas perdu leur temps. Ils ont décidé que le bateau et tout ce qu’il contenait leur appartenait. Ils indiquent donc au vieillard et à la jeune fille une barque et les congédient sans ménagement. L’un d’eux menace Saburo et tente de l’intimider mais un coup de sabre bien placé du sensei désarme, au sens propre comme au figuré, le fier à bras qui lui tenait tête.

Les pirates sont maintenant partagés. Ils sont une bonne trentaine et Saburo est seul. Il n’a pas la moindre la chance de s’en sortir. Il tente alors de gagner du temps. Il propose aux hommes de les entrainer afin qu’ils deviennent de fiers guerriers lorsqu’ils rejoindront les troupes d’Ishirô.

La ruse fonctionne et Saburo épuise les bandits par un entrainement complet physiquement mais peut efficace sur le plan technique. Finalement, les kaïzokus ont surtout appris à dégainer rapidement leur arme. Le sensei ne se remet pas de voir que ce qu’il a enseigné à Ishirô lui a servi à égorger une femme enceinte. Ce n’est pas le moment d’apprendre à des tueurs frénétiques le sens de la performance.

Finalement, Ishirô et Yuritsuma rejoignent le bateau pirate avec Koatsu. L’envoyée a loué pour eux des charrettes et un logement afin de préparer le voyage. En effet, un officier de l’armée du seigneur Okibo est arrivé à Gôjô afin que le vassal de son seigneur, à la tête du port, envoie ses hommes regarder ailleurs lors de l’accostage du navire.

Une fois à terre, les pirates déchargent les armes et remplissent les charrettes. Un nouveau problème se pose. Il n’y a plus un sen dans les caisses du groupes et Minako, si habile pour résoudre les problèmes d’argent, flotte maintenant dans les eaux de la baie… Aya prend alors les choses en main. Ce ne sont pas les fiers samuraïs ou le vieux sensei qui vont se préoccuper de trouver de l’argent !

Elle se rend donc à la capitainerie pour vendre le bateau. Elle négocie âprement pour obtenir des liquidités, à la place de la reconnaissance de dette habituelle, et donne beaucoup de travail au responsable qui se met à suer sang et eau pour gagner l’énorme marge promise pour la transaction.

Aya est satisfaite de savoir son projet lancé. Elle mange les kakis de son frère en remerciant les kamis de lui avoir rappelé son anniversaire (du moins c’est ce qu’elle a cru en le voyant arriver avec des fruits confits…) et de leur permettre de renouer avec la chance. Mais les kamis sont taquins. Alors qu’elle revient au campement pour fêter son succès, elle y découvre les pirates en train de célébrer la reconnaissance de dette qu’ils ont obtenue auprès d’un riche marchand de passage… pour la vente de leur navire !

Elle décide de récupérer son succès. Bien sûr, elle sait que le droit maritime est très clair. Tout bâtiment pris devient la possession du capitaine vainqueur. Elle décide cependant de se jouer des pirates en leur faisant admettre qu’à la mort de leur capitaine, le dénommé Take, c’est Ishirô, leur nouveau maître, qui est devenu le capitaine. Ils viennent donc de vendre le bateau de leur seigneur !

Les kaïzokus s’effondrent ! Ils viennent de commettre un crime très grave ! Confus, ils donnent le nom de l’acheteur qu’Aya transmet à Ishirô, à Yuritsuma et à Koatsu. Ils iront tous les trois tenter de récupérer leur bien. Quant à Saburo et la jeune Sato, ils iront chez des scribes pour réaliser un faux document qui les rendra propriétaire du bâtiment.

Ishirô et ses compagnons trouvent rapidement le riche marchand et sa suite de yojimbos et de prostituées. Il se laisse facilement convaincre, l’achat n’étant visiblement qu’un caprice doublé d’une bonne affaire. Cependant, il exige que lui soit livré l’homme qui lui a fait perdre son temps et qui s’est joué de lui. Yuritsuma et Ishirô, financés par les économies d’Aya, décident donc de saouler celui que les pirates ont nommé sergent afin de le livrer facilement au marchand.

Aya et Saburo réalisent facilement le faux mais, en chemin, une macabre rencontre les retient. Ils tombent sur le cadavre de Yuritsuma Akira, le fils de Yuritsuma, que ce dernier a refusé de libérer de ses obligations de samuraï en lui interdisant de devenir marchand. Il s’est pendu à un arbre, comme un bounge, mais dans sa tenue de samuraï, les armes à la ceinture. Tout un symbole.

Après avoir livré le sergent au marchand et vendu le bateau à vil prix, la troupe se remet en route. L’argent n’est plus un problème désormais mais pour combien de temps ? La troupe coûte cher à entretenir et à équiper.

L’arrivée au fief Okibo se fait dans la joie. Okibo san est ravi de retrouver la cargaison tant attendue et invite tout le monde à un fastueux repas. Après des soins, un bain et un massage, les invités reçoivent un beau kimono afin d’être présentables pour le dîner. Pourtant, afin de démontrer qu’ils ne sont pas tant dans le besoin que ça, ceux qui ont reçu un kimono de soie d’Akira choisissent de le mettre à la place de celui proposé. En effet, le travail d’Akira confine au luxe et montrera à leur hôte qu’ils ne sont pas les miséreux qu’il veut croire…

En attendant l’heure du repas, Saburo part se promener en ville. Une rencontre inattendue l’attend. Sur un tertre à flanc de colline, un jeune homme est en train de construire une maison sur laquelle est fixée une enseigne indiquant « école du hérisson fleuri ». Intrigué, Le vieux sensei s’avance à la rencontre du jeune homme qui prétend transmette l’enseignement du style qu’il a inventé.

Le jeune homme construit effectivement une école du sabre dont l’enseignement est baigné de la philosophie et de la poésie de Saburo. L’enfant explique au vieil homme que son père l’a versé dans l’enseignement de Saburo, un vieux maître que tous croyaient mort, mais qui a refait son apparition à Gassan Toda au cours d’un duel avec un général de la cité.

Saburo observe les affaires du garçon à sa demande et découvre le nom d’un de ses anciens élèves sur des rouleaux contenant sa philosophie de l’art du sabre. Il s’agit visiblement du père du menuisier. Saburo apprend que suite à son duel, le jeune homme et ses trois frères ont décidé de perfectionner leur art et de le transmettre afin de diffuser l’enseignement du vieux sage. Désormais, la pensée du sensei se déplace au hasard du vent, tel le vol de l’alouette.

Saburo, amusé, propose un combat au sabre au jeune homme. Munis de bâtons, les deux sabreurs s’affrontent un moment et découvrent, l’un comme l’autre, la valeur de leur adversaire. Le vieux sensei quitte son jeune compagnon en se promettant de revenir le voir demain à l’aube.

Les kaïsokus n’ont pas demandé leur reste, ils se précipitent au cœur de la cité à la recherche de filles et de saké !

Yuritsuma, lui, part retrouver les cinquante ronins qui furent jadis ses compagnons quand le clan Sogo fut anéanti. Tous sont propres, équipés et prêts au combat. Le yojimbo leur propose de le suivre chez le seigneur Okibo afin de les intégrer à son plan. Mais l’heure du dîner arrive, la rencontre devra attendre le lendemain…

Au cours du repas, les banalités de l’étiquette épuisent Ishirô qui met les pieds dans le plat. Devant les notables, les officiers et les financiers du clan Okibo, il demande au maître des lieux des précisons sur ce qu’il compte faire pour lui venir en aide. La suite des négociations s’annonce compliquée…

Plus tard, Okibo offre une revue de troupe à ses invités. Les effectifs et leur qualité sont impressionnants. Le plus naturellement du monde, Okibo san leur annonce qu’il compte renverser le daymio avant le printemps. En effet, les Môri ont convoqué les armées de leurs vassaux afin d’aller casser le siège de Takamatsu, ils seront obligés de reconnaître l’autorité de celui qui leur amènera les troupes de la province d’Izumo. Le temps presse mais Okibo possède plusieurs atouts.

Tout d’abord, les christos sont très présents dans son domaine et semble en guerre contre ceux à qui il a volé les teppôs. Leur appui est précieux. Ensuite il a Ishirô dans sa manche et lui propose d’aller voir le clan Tsumada ou le clan Ujifusa afin de les convaincre l’un ou l’autre, de ne pas intervenir en cas d’attaque de Gassan Toda. Cette simple précaution lui assurera la victoire. Enfin, grâce à Aya, il vient d’apprendre que Koatsu travaille pour la famille Sanataki, vassale et fidèle conseillère du daymio. Retourner cet atout lui permettrait surement d’entrer dans la forteresse sans difficulté.

Une fois tué le daymio, il n’aura qu’à désigner Ishirô comme chef du clan Sato et condamner Sadao au seppuku.

Tout cela fait réfléchir Ishirô et ses compagnons qui décident de se réfugier dans une chambre afin de faire le point. Ils choisissent de se jouer d’Okibo que rien n’oblige à tenir ses promesses. Leur idée est d’aller récupérer le fief Sato par un assassinat en s’infiltrant dans la forteresse. Ensuite, ils diront à Okibo que les trois mille hommes du clan Sato l’aideront à prendre Gassan Toda et que les Sanataki lui ouvriront par traitrise les portes de la citadelle. Cependant, le plan est tout autre. En réalité, une fois en possession du fief Sato, ils iront prévenir le daymio des intentions d’Okibo afin de s’assurer la reconnaissance du seigneur de Gassan Toda.

Saburo décide de révéler à l’aube son identité au jeune sensei, qui s’est endormi sur son chantier, à l’aide un haïku. Amusé de sa propre innocence, le jeune samuraï éclate de rire quand il comprend qu’il n’a pas su reconnaître le maître qui a inventé le style qu’il a adopté. Saburo, qui est allé réveiller les kaïzokus et payer leurs dettes afin de ne pas se faire mal voir des Okibo, les confie au gamin et à son enseignement. A charge pour lui d’en faire des soldats compétents et disciplinés le plus rapidement possible. Dans le plus grand respect de l’étiquette, Le vieux sensei laisse une forte somme d’argent à « l’école du hérisson fleuri » et part rejoindre ses compagnons.

Une fois tous réunis et les ronins de Yuritsuma prêts au départ, ils promettent à Okibo san de faire de leur mieux pour convaincre les Tsumada de rester en dehors du conflit qui se profile, et se mettent en route pour le fief Sato, prêts à assassiner Sadao et à rendre son héritage à Ishirô.

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