« Un banc de requins »

Tout en cheminant vers le fief Sato, Ishirô, ses compagnons et les cinquante ronins qui les accompagnent prennent un copieux repas dans un village de mineurs. C’est pour eux l’occasion de se renseigner sur le quotidien dans la cité. Quelques verres de saké leur permettent notamment d’apprendre que les christos ont une forte présence et une grande influence en ville. Ils apprennent également que tout se passe bien dans le fief et que le peuple ne se plaint pas de l’arrivée de Sadao à la tête du clan.

Malheureusement, ce petit interlude gastronomique n’est pas passé inaperçu aux yeux et aux oreilles des espions de Sadao…

Arrivés à proximité du fief, ils laissent les ronins établir un campement. Yuritsuma se fera passer pour un ronin aux portes de la ville afin de pouvoir rentrer avec ses armes. Les gardes lui cherchent querelle un moment mais, par un discours humble mais ferme, il parvient à passer sous prétexte d’enrôlement. Saburo et Aya passent comme de simples paysans, de même qu’Ishirô. Koatsu Ayame, elle, choisit le grand jour. Transportant le sabre de Saburo, comme le lui autorise son rang, elle choisit de s’annoncer franchement. Cela lui permet d’apprendre qu’un des beaux-frères de Sanataki Juzô, son protégé, est ici pour négocier avec les Sato. Etant ennemi de Juzô, cela ne présage rien de bon et elle décide d’aller voir directement à l’établissement où se logent les Sanataki.

Elle franchit avec aplomb la barrière des gardes postés à l’entrée, les soldats regroupés dans la salle commune et va directement rencontrer Sanataki Tama, la plus âgée des sœurs Sanataki, épouse du vénal Nobukaze Osamu. Cette dernière lui apprend que son époux est ici pour assurer Sadao que la promesse de son défunt père ne sera pas tenue et que Juzô sera démis de son statut d’héritier légitime et qu’il ne servira aucune révolte.

Ayant appris la venue de la tutrice de son beau-frère rebelle, Nobukaze san se précipite dans la chambre de sa femme. Mais, bien qu’épouse fidèle, elle ne peut se résoudre à livrer celle qui élève son jeune frère. Rapidement, avec l’aide de son hôte, Koatsu ramasse un panier de linge et se fait passer pour une humble lavandière. Cette astuce lui permet de quitter les lieux à la barbe de Nobukaze Osamu et de ses hommes.

Pendant ce temps, Saburo et Aya se sont rendus où travaillent les lavandières du château. Fidèles à leur maîtresse, elles seront sûrement un appui solide pour Aya. Grâce à une ruse du vieil homme, l’une d’elles rencontre Aya à l’abri d’un buisson. Elle lui apprend notamment que Norinaya Eizô est là pour renouveler son serment de vassalité. Elle confirme l’influence importante des chrétiens en la personne d’un homme balafré au regard dur.

Ishirô et Yuritsuma, de leur côté, vont rencontrer frère Julius. Il parle lui aussi d’un balafré qu’il appelle Olivares. Ishirô se propose de rencontrer ce blanc influent lors d’un rendez-vous secret à l’église du quartier des cendres. Il apprend également de la bouche du moine que tout ce qui se passe ici est la conséquence d’un affrontement entre deux rois d’un pays lointain appelé Portugal. Là-bas, le roi Philippe II revendique le trône occupé par Antoine. Avec l’appui du pape Grégoire XIII, Philippe II tente de prendre pied sur l’archipel du Japon. En effet, l’empereur ayant autorisé les navires d’Antoine à appareiller à Nagazaki, Philippe II compte faire de Gassan Toda sa porte d’entrée personnelle sur les îles du levant.

Il va ensuite avec son yojimbo visiter un ami d’enfance. Ce dernier est très contrarié de sa venue mais l’assure de son soutien en cas de preuve de sa légitimité. Le retour d’Ishirô pourrait bien déchirer le clan tout entier. Une guerre civile pourrait servir les intérêts des différentes factions de nobles et de puissants. Redoutant cette issue, l’homme invite Ishirô à agir avec recul et discernement.

Saburo essaie de son côté de retrouver ses anciens disciples. Comme Gen’ichi et Tarô sont morts en le suivant dans ses aventures et qu’une partie de ceux restés en ville sont morts en s’opposant au coup d’état de Sadao, il craint de ne pas trouver grand monde. Pourtant, il rencontre Jiemon. Son disciple, blessé, lui raconte qu’un homme, instruit dans l’art du hérisson fleuri, avait décidé d’ouvrir une école de sabre. Malheureusement, il n’est pas le seul et, dans la région, de nombreux sabreurs ouvrent de telles écoles depuis que le nom de Saburo est réapparu sur le devant de la scène. Ainsi, la nouvelle du retour de Saburo a voyagé et Zenzuke, son ancien élève, est venu en Izumo pour détruire ces nouvelles pousses hérétiques à son art.

Jiemon a été blessé au cours d’un affrontement devant cette école nouvellement construite. Profitant de l’appui des hommes de Sadao et de ses propres disciples, Zenzuke a rapidement eu le dessus. Le jeune sensei a été tué ainsi que plusieurs disciples et son école détruite. Saburo demande à Jiemon de regrouper les disciples survivants et de se préparer discrètement à un affrontement décisif.

Le rendez-vous a enfin lieu dans l’église et Olivares vient avec dix-sept de ses hommes et un moine nippon traducteur. Il garde religieusement le silence pendant qu’Ishirô présente sa situation, ses ambitions et les arguments qui vont avec.

Le tableau proposé par le jeune seigneur est simple. Il veut récupérer sa place à la tête du fief. En échange, il tiendra toutes les promesses faites par Sadao avec en plus un engagement à mener le fief sur la voie de la conversion ainsi qu’à offrir un appui inconditionnel aux christos en ce qui concerne leurs projets pour Gassan Toda.

Rompant le silence, L’homme avoue être à l’origine des multiples tentatives d’assassinat dont ont souffert Ishirô et ses compagnons. Il explique, en connaissance de cause, que deux chefs, c’est un chef de trop et qu’il ne veut pas voir s’installer la division et la guerre civile dans ce fief. Il propose donc une rencontre entre Ishirô et Sadao afin de discuter de la situation. Ishirô accepte et Olivares lui donne rendez-vous le lendemain à la même heure pour les conduire avec un sauf conduit jusqu’au palais.

Profitant de ce laps de temps, Yuritsuma san se rend dans sa maison pour prendre des nouvelles de sa femme. Etant donné la traitrise de son épouse, il compte bien lui demander des comptes. Mais une fois sur place, il découvre que sa maison a été vendue à une honnête famille de samuraïs. Ceux-ci lui apprennent que l’ancienne propriétaire vit maintenant au palais et que la vente de la maison lui a permis d’obtenir une dot pour un prochain mariage. Yuritsuma prépare sa vengeance en la plaçant consciencieusement dans un écrin de colère….

Aya traine Saburo au campement des cinquante ronins. Sur place, elle trouve seulement les traces d’une terrible bataille mais sans aucun cadavre à terre. Les observations de Saburo lui apprennent que le groupe a été cerné et pris par surprise. Les espions de Sadao ont bien fait leur travail. Dépités, ils rentrent alors à la cité et gagnent rapidement un bouge sordide près de l’église afin de recruter un rude gaillard et sa troupe de bandits dans le but de sécuriser les alentours du lieu de rendez-vous. Epuisé, Saburo, dont les boyaux ont été malmenés par la balade hivernale, gagne piteusement une humble chaumière où il loue une chambre pour la nuit.

Malheureusement, Ishirô a mal compris et la fillette est en train de payer une véritable fortune un service dont elle n’aura pas l’utilité. En effet, une première rencontre a lieu dans le temple chrétien mais immédiatement, le groupe se dirige vers le palais d’hiver et la citadelle de Sadao. Là, les coupe-jarrets ne peuvent suivre la jeune samuraï et ses compagnons…

Ils sont accueillis aux portes de la citadelle par Yuritsuma Hime qui, en sa qualité d’intendante et de conseillère du seigneur Sato, vient leur souhaiter la bienvenue d’une voix glaciale et leur garantir un accueil et une totale sécurité durant leur passage sur les terres Sato.

Le groupe est donc introduit en présence de Sato Sadao qui reçoit, dans la salle du conseil, la totalité des nobles et des notables qui participent d’une façon ou d’une autre au lancement et aux préparatifs de la campagne militaire. Soit environ cent-vingt personnes.Mais cette foule n’empêche pas Sadao de déroger totalement au protocole. Il se jette en pleurant de joie dans les bras de son frère et de sa sœur avant de se reprendre et de leur faire une place d’honneur à ses côtés. Leur arrivée tombe très bien ! Sadao vient de promettre la main d’Aya à Tsumada Gumpei. En échange, le clan Sato s’engage à l’appuyer pour faire tomber son père et prendre sa place à la tête du fief. Ishirô s’en prend alors vivement à Gumpei qu’il traite de traitre et de paria avant que celui-ci ne lui réponde sur même ton. Ishirô déclare qu’il compte épouser la fille Tsumada, dont il attend un enfant, et défendre l’honneur de son père, Tsumada Deizô, contre son félon de fils. Le ton monte et les menaces fusent. Sadao est obligé d’user de son autorité pour reprendre le contrôle de la réunion.

Norinaya Eizô et son fidèle Kado san sont également présents ainsi que Nobukase Osamu et son épouse Sanataki Tama. La femme de Yuritsuma et Kôjirô, qui a laissé tomber Ishirô pour rejoindre Satomi sa bien-aimée, sont également présents. Bref, Ishirô et ses compagnons ne sont pas en territoire ami. Mais cela n’est rien comparé à l’arrivée des hommes de Jôtarô qui trainent devant eux un des cinquante ronins de Yuritsuma. Jôtarô affirme qu’ils sont venus avec Ishirô mais, malgré un traitement douloureux, les hommes nient toute relation avec le jeune samuraï.

La situation est grave. Reconnaître leurs liens avec ces hommes serait se placer dans le rôle de l’agresseur compte tenu du fait que la troupe ne s’est pas annoncée et que personne n’en a parlé. Nier leur relation condamne les ronins à une mort déshonorante.

Alors qu’Ishirô se trouve dans l’obligation de choisir la seconde option, Aya endosse la responsabilité du recrutement des ronins, reconnaissant ses torts et expliquant avec talent qu’elle a agi dans l’intérêt de la sécurité d’Ishirô, elle parvient habilement à obtenir ainsi la libération des ronins captifs.

C’est alors qu’un autre problème surgit. Un dénommé Zenzuke se présente à l’auditoire et exige d’Ishirô et de ses compagnons qu’ils lui livrent Saburo. Il accuse publiquement le vieux sensei d’être un usurpateur et de revendiquer de façon calomnieuse l’invention du style du hérisson fleuri. Selon cet homme, c’est lui qui a inventé le style et l’a enseigné à Saburo. Le vieil homme l’a ensuite trahi pour lui voler son travail en retournant contre lui ses propres élèves. Maintenant, il apprend que des écoles qui prétendent enseigner son style de combat poussent un peu partout depuis le retour de Saburo le menteur. Il exige réparation.

Sensible à ce discours, un vieil homme, dans un kimono élégant, se présente à son tour pour enfoncer le clou. Saburo est en effet un vil usurpateur ! Cet homme se présente sous le nom de Tsukahara Hikoshirô, grand maître du sabre, dont l’identité a été utilisée de façon fallacieuse par Saburo. Lui aussi demande l’autorisation de se venger de cet affront.

Saburo étant bounge, ces demandes sont pures formalités. Les deux hommes ont parfaitement le droit d’abattre le vieux sensei sans la moindre autorisation.

Après la réunion, un immense repas est servi pour tous les convives au cours duquel mariages et alliances sont conclus sans les soucis du protocole. Aya en profite pour quitter le palais sous l’escorte d’un samuraï et de deux ashigerus. Elle est rapidement rejointe par Kôjirô qu’elle accueille froidement compte tenu des circonstances qui entourent son départ du groupe.

Si le guérisseur a suivi Aya, c’est qu’il vit un cauchemar. Depuis son retour, Satomi ne le regarde plus. En effet, occupant maintenant de plus hautes fonctions, Kôjirô n’est plus à la hauteur de ses ambitions matrimoniales. Il a donc choisi de venir en aide à Ishirô pour rembourser sa dette. Il ne peut pour ce faire que divulguer les informations qui sont en sa possession. Il apprend donc à la samuraï que ce sont les christos qui ont convaincu Sadao d’attaquer les villages des Okibo et d’y maintenir des troupes afin de l’affaiblir militairement. Il lui explique aussi qu’hier, l’intendante Yuritsuma hime, a appris l’existence d’un document concernant Ishirô dans les archive de l’intendance générale du fief. Elle a envoyé un de ses subalternes pour le trouver. Sans succès.

Aya prend bonne notes des informations de Kôjirô et va finir de payer le bandit qu’elle a recruté pour rien. Les dettes d’un Sato sont toujours honorées, même lorsqu’elles ont été contractées inutilement…

De retour au palais, elle se joint à la réunion de famille organisée à la demande d’Ishiro au cours de laquelle sont tracées les grandes lignes de la stratégie à adopter dorénavant.

Ishirô accepte de renoncer au trône pour apaiser les tensions. Visiblement, ce sont Yuritsuma hime, Jôtarô et les christos qui tiennent les rênes du pouvoir.

De cette réunion informelle, trois objectifs sont retenus. Tout d’abord ils vont allier les Sato au clan Tsumada en mariant Ishirô à la fille de Tsumada Deizô, essentiellement pour les neutraliser dans la lutte qui s’annonce. Ensemble, les Ujifusa et les Tsumada représentent une menace. Mais les Ujifusa, dont personne ne sait rien tant ce clan se tient à l’écart de l’effervescence actuelle, ne sont rien s’ils sont seuls. Cela implique de traquer les troupes renégates de Tsumada Gumpei et de les détruire.

Le second objectif reste plus flou et concerne les Okibo. Il va falloir choisir entre les aider ou aider le daimyo.

Enfin, il va falloir régler le problème des chrétiens. Soit en s’inscrivant dans l’élan qui est le leur, soit en les détruisant.